Wall Street bondit, soulagée par la Fed

LA CLÔTURE DES MARCHÉS AMÉRICAINS

par Caroline Valetkevitch

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini en nette hausse mercredi après l'annonce par la Réserve fédérale d'une révision en baisse de ses prévisions de croissance et d'inflation, qui suggère que la remontée des taux d'intérêt, même si elle débute au cours des prochains mois, sera conduite avec prudence.

L'indice Dow Jones des 30 principales valeurs vedettes de la cote américaine a gagné 227,11 points, soit 1,27%, à 18.076,19. Le Standard & Poor's-500, plus large, a pris 25,22 points (+1,22%) à 2.099,50 et le Nasdaq Commposite a progressé de 45,39 points (+0,92%) à 4.982,83.

Au terme de sa réunion de politique monétaire, la Réserve fédérale a, sans surprise, supprimé de son communiqué la référence à une attitude "patiente" pour ce qui est du choix du moment auquel elle entamera la remontée des taux.

Mais elle a aussi revu en baisse ses prévisions du niveau des taux d'intérêt pour les prochaines années et ses prévisions économiques pour les Etats-Unis.

Ces annonces ont fait chuter le dollar, ce qui a favorisé la remontée des cours du pétrole. Le billet vert a cédé jusqu'à 3% face à l'euro, sa plus forte baisse en une seule séance depuis six ans. Face à un panier de devises de référence, il affichait en fin de journée un repli de 2%.

Le baril de pétrole brut léger américain (WTI) en a profité pour remonter à 44,70 dollars, en hausse de près de 3%, et le Brent a fait un bond de plus de 5%, au-dessus de 56 dollars.

Les 10 grands secteurs du S&P-500 ont fini dans le vert mais ce sont les valeurs de l'énergie qui affichent la meilleure performance avec un gain de 2,9% sur la séance, devant les services aux collectivités ("utilities") (+2,72%), généralement favorisés par des taux faibles.

Au sein du Dow, les compagnies pétroliers Chevron et Exxon Mobil ont pris respectivement 3,42% et 2,37%.

LES RENDEMENTS OBLIGATAIRES

"En supprimant le mot 'patiente' de ses indications, (la Fed) a supprimé une limite artificielle à sa flexibilité, ce qui laisse du champ aux indicateurs économiques pour dicter ses décisions futures", explique David Joy, responsable de la stratégie de marché d'Ameriprise Financial.

"Dans le même temps, en abaissant ses prévisions du rythme auquel les taux remonteront, elle adresse un message clair sur le fait qu'elle n'est pas pressée de remonter les taux car elle constate que l'économie ne croît que modérément."

Les futures de taux suggèrent que les traders estiment désormais à 60% la probabilité d'une hausse de taux en octobre, selon CME FedWatch.

Sur le marché obligataire, le rendement à dix ans américain est retombé à 1,92% et les rendements à deux et trois ans ont subi leur plus forte baisse quotidienne depuis mars 2009.

"Le marché s'attendait à un ton de 'colombe' mais il l'a été encore plus qu'attendu", a dit Priya Misra, responsable de la stratégie de taux américains de Bank of America Merrill Lynch. "L'interprétation 'faucon' de la suppression du mot 'patiente' a été anéantie."

Aux valeurs à Wall Street, FedEx a abandonné 1,37% après avoir présenté des prévisions annuelles inférieures aux estimations des analystes.

Oracle a gagné 2,94% au lendemain de ses résultats trimestriels, pourtant marqués par la stagnation de son chiffre d'affaires et un léger recul de ses profits, qu'il a compensés par un relèvement de son dividende.

Alibaba a pris 0,11% dans d'importants volumes alors qu'expire mercredi une période de "lock-up" qui empêchait certains investisseurs de céder leurs titres depuis l'introduction en Bourse l'an dernier.

Environ 7,9 milliards d'actions ont changé de mains sur les différentes places américaines, contre 6,6 milliards en moyenne par jour depuis le début du mois selon BATS Global Markets.

(avec Herbert Lash et Rodrigo Campos, Marc Angrand pour le service français)