Un gouverneur accuse Tepco de "mensonge institutionnalisé"

NIIGATA, Japon (Reuters) - La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco), l'exploitant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, doit mettre fin à sa culture de "mensonge institutionnalisé" si elle veut obtenir l'autorisation de rouvrir un autre de ses sites, dans la préfecture de Niigata, a dit lundi le gouverneur de la région. Hirohiko Izumida, qui n'est affilié à aucun parti, est devenu l'un des principaux détracteurs de Tepco depuis l'accident de Fukushima, en mars 2011. Même si les autorités japonaises de régulation approuvent la réouverture de la centrale de Kashiwazaki Kariwa, l'opérateur aura besoin de son accord pour relancer les sept réacteurs du site, le plus grand au monde, à environ 300 km au nord-ouest de Tokyo. "S'ils ne font pas ce qui doit être fait, s'ils continuent à lésiner sur les coûts et à manipuler leurs informations, on ne pourra jamais leur faire confiance", a dit Hirohiko Izumida dans une interview accordée à Reuters. Le gouverneur a annoncé qu'il formerait sa propre commission pour étudier les raisons de la crise de Fukushima, et la manière dont ses suites ont été gérées par Tepco, qui fournit 29 millions de foyers et d'entreprises en électricité. L'opérateur a déclaré qu'il coopérerait avec la procédure. Hirohiko Izumida a estimé que l'aveu par Tepco en juillet d'une fuite d'eau radioactive de Fukushima dans le Pacifique, après des mois de déni, montrait que le groupe n'avait pas changé et pratiquait toujours un "mensonge institutionnalisé". Tepco a été rappelé à l'ordre deux fois en deux mois par l'Autorité japonaise de sûreté nucléaire, la NRA, pour ses carences dans le nettoyage de Fukushima, plus de deux ans et demi après le désastre. Depuis le tsunami de mars 2011, Tepco a accusé plus de 27 milliards de dollars de pertes, et estime que la réouverture des sept réacteurs de Kashiwazaki Kariwa lui permettrait d'économiser un milliard de dollars (725 millions d'euros) de coûts mensuels. Hirohiko Izumida considère que le gouvernement devrait relever Tepco de ses responsabilités dans la décontamination de Fukushima et envisage la mise en oeuvre d'une procédure de faillite, financée par de l'argent public, afin de donner au groupe les ressources nécessaires pour assurer la sécurité de ses autres centrales. "À moins de créer une situation où 80% ou 90% de leurs réflexions seront dévolues à la sécurité nucléaire, je ne pense pas qu'on puisse dire qu'ils ont fait de la sécurité une priorité", a-t-il dit. Antoni Slodkowski et Kentaro Hamada, Julien Dury pour le service français, édité par Gilles Trequesser