Tunisie: les forces à la Constituante avant l'annonce d'un nouveau cabinet

La démarche du Premier ministre tunisien Hamadi Jebali de former un cabinet indépendant intervient dans le contexte d'un équilibre des forces changeant au sein de l'Assemblée nationale constituante (ANC) qui peut l'écarter en votant une motion de censure. De scissions en défections, la scène politique s'est sensiblement recomposée et de nombreux élus parmi les 217 ont changé de camp depuis les élections post-révolution d'octobre 2011. Une division se profile au sein même des rangs du parti islamiste Ennahda au pouvoir, entre partisans et détracteurs de l'initiative de son numéro 2, M. Jebali. Pour le moment, le Premier ministre semble pouvoir compter sur 92 élus sur 217. Entre 20 et 30 élus sont indécis ou n'ont pas exprimé d'avis. Pour démettre M. Jebali, ses détracteurs doivent réunir les voix de 109 députés. Les groupes à l'ANC et leurs positions sur un cabinet apolitique: ------------------------------------------------------------------ - Ennahda, 89 sièges : officiellement le parti est contre l'initiative Jebali, mais une quinzaine de députés se rangeraient derrière le chef du gouvernement, et de 15 à 20 autres n'ont pas fait leur choix. - Bloc démocratique, 35 élus : réunissant différents courants de l'opposition laïque, le groupe est favorable à un gouvernement apolitique. - Congrès pour la République (CPR), 15 élus : le parti du président Moncef Marzouki, qui a vu 14 de ses députés faire défection en un an, est hostile à un gouvernement apolitique. - Ettakatol, 13 sièges : le parti du président de l'ANC, Mustafa Ben Jaafar, dont sept députés ont claqué la porte ces derniers mois, est un allié d'Ennahda mais est pour un gouvernement apolitique. - Liberté et dignité, 11 élus: Divisé. - Wafa (Fidélité), 10 sièges : ce parti issu d'une scission au sein du CPR est hostile à un gouvernement apolitique. - Indépendants: 44 élus répartis entre Nidaa Tounes (10), dissidents d'Al-Arida du millionnaire expatrié Hechmi Hamdi (8), Moubadara de l'ex-ministre du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, Kamel Morjane (5), Parti des ouvriers (3), Al-Chaab (2), Parti de patriotes démocrates (1)...: Pas de position collective connue, mais les deux tiers sont favorables à un cabinet de technocrates, selon une estimation du quotidien Al-Maghreb.