L'ayatollah Khamenei émet des réserves sur l'ouverture de Rohani

par Yeganeh Torbati DUBAi (Reuters) - Le guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a dit soutenir les efforts diplomatiques menés par le président iranien, Hassan Rohani, lors de l'Assemblée générale de l'Onu la semaine passée mais a jugé que tout n'avait pas été "approprié". Ali Khamenei n'a pas donné de détails sur ses réserves mais a jugé que les Etats-Unis n'étaient pas des interlocuteurs fiables, ce qui semble refléter sa désapprobation quant à la conversation téléphonique entre Hassan Rohani, un religieux modéré qui a conduit une offensive de charme lors de la réunion à New York, et le président américain Barack Obama. Cette conversation a constitué le premier contact au niveau présidentiel entre les Etats-Unis et l'Iran depuis la révolution de 1979. Malgré les réserves exprimées par Ali Khamenei, à qui revient l'essentiel des décisions en matière de politique étrangère, son soutien d'ensemble au président iranien et à son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, devraient les conforter face à la frange la plus dure du mouvement conservateur iranien. "Nous soutenons les initiatives diplomatiques du gouvernement, y compris sa visite à New York, car nous faisons confiance au gouvernement et nous sommes optimistes à son sujet", a dit Ali Khamenei lors d'un discours cité par l'agence de presse Isna, samedi. "Mais certaines choses qui se sont passées à New York n'étaient pas appropriées, car le gouvernement américain n'est pas digne de confiance, il est imbu de lui-même, n'a aucune logique et ne tient pas ses promesses", a-t-il ajouté. APPUI DU PARLEMENT C'était la première fois que le guide suprême s'exprimait sur le déplacement effectué par Hassan Rohani et sur sa conversation téléphonique avec Barack Obama qui était venue conclure une semaine au cours de laquelle le président iranien a fait tout son possible pour assouplir l'isolement diplomatique de son pays. La politique étrangère menée par Hassan Rohani a par ailleurs obtenu l'appui du parlement iranien, alors que les factions les plus loyales à Ali Khamenei y sont majoritaires. Selon un diplomate basé à Téhéran, les déclarations en demi-teinte du guide suprême ont pour but d'atténuer les attentes internationales d'une ouverture iranienne, en vue d'une nouvelle série de négociations sur le nucléaire, prévues à Genève, les 15 et 16 octobre. "L'Iran et les Etats-Unis se tiennent à une très grande distance l'un de l'autre", explique-t-il, sous le sceau de l'anonymat. "On ne peut pas soudainement observer des sourires et de l'amabilité. (Khamenei) donne une chance, mais si cela ne fonctionne pas, il reviendra à son attitude habituelle." A son retour à Téhéran la semaine passée, Hassan Rohani, qui a été accueilli par de nombreux partisans mais a reçu des jets de projectiles d'un petit groupe de manifestants, a expliqué avoir suivi les consignes établies par Ali Khamenei avant cette visite à New York. Mohammad Ali Jafari, commandant en chef du puissant Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), a néanmoins estimé la semaine dernière que Hassan Rohani aurait dû décliner la conversation téléphonique avec Barack Obama. L'élection en juin du nouveau président iranien a ranimé l'espoir d'un réchauffement des relations entre Téhéran et les Occidentaux qui demeurent tendues en raison du contentieux sur le programme nucléaire. Les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) soupçonne l'Iran de chercher à se doter d'une arme atomique, tandis que Téhéran dit que son programme nucléaire n'a qu'une visée civile. Le président américain Barack Obama, dans une interview diffusée samedi, a indiqué que Washington estimait à "un an ou plus" le délai nécessaire à Téhéran pour être en mesure de fabriquer une arme nucléaire, et a reconnu que cette estimation était "sans doute plus prudente que celle des services de renseignement israéliens". Avec Marcus George; Pierre Sérisier et Julien Dury pour le service français, édité par Danielle Rouquié