Rome presse Monte Paschi de réaliser sa levée de fonds

Le gouvernement italien a exhorté lundi Banca Monte dei Paschi di Siena à mener à bien son augmentation de capital de trois milliards d'euros et éviter ainsi une nationalisation. La banque doit lever des capitaux pour rembourser l'aide de 4,1 milliards d'euros reçue de l'Etat italien au début de l'année. /Photo d'archives/REUTERS/Stefano Rellandini

par Valentina Za et Giuseppe Fonte

MILAN (Reuters) - Le gouvernement italien a exhorté lundi Banca Monte dei Paschi di Siena à mener à bien son augmentation de capital de trois milliards d'euros et éviter ainsi une nationalisation.

La plus vieille banque du monde doit lever des capitaux pour rembourser l'aide de 4,1 milliards d'euros reçue de l'Etat italien au début de l'année, alors que la crise de la zone euro et de lourdes pertes sur le marché des produits dérivés menaçaient sa solvabilité.

Le groupe, numéro trois du secteur bancaire italien, a vu sa capitalisation boursière fondre au fil des mois, au point que celle-ci est désormais inférieure au montant de l'augmentation de capital projetée.

La direction, conduite par le président Alessandro Profumo et l'administrateur délégué Fabrizio Viola, voulait lancer l'appel au marché dès janvier, mais ses projets sont contrecarrés par des actionnaires dont le premier d'entre eux, la Fondation Monte Paschi di Siena qui détient 33,5% du capital.

Réunis samedi en assemblée générale, les actionnaires ont décidé de repousser l'augmentation de capital après le 12 mai, infligeant ainsi un revers cuisant à Alessandro Profumo et relançant l'incertitude autour du sort de la banque.

Dans cette ambiance délétère, le gouvernement est intervenu, par la voix d'un porte-parole du Trésor, pour demander que la levée de fonds soit réalisée comme prévu.

"L'objectif du Trésor est de voir l'augmentation de capital mise en oeuvre et de faire en sorte que la banque ne soit pas nationalisée", a-t-il dit.

RÉTABLIR LE DIALOGUE

Le gouvernement italien, confronté à une dette publique qui est la quatrième plus importante du monde, n'a aucun intérêt à reprendre un établissement qui a perdu près de huit milliards d'euros en 2011 et 2012 et devrait avoir accusé une nouvelle perte en 2013.

Mais il reste à voir quels leviers il peut actionner pour rétablir le dialogue entre les dirigeants de Monte Paschi et la fondation qui le contrôle, laquelle est étroitement liée aux milieux politiques de Toscane et souhaite disposer de plusieurs mois pour tenter de vendre sa participation.

Le ministre de l'Economie Fabrizio Saccomanni a dans ses attributions la supervision des fondations bancaires et il a eu des contacts avec ses deux parties, mais ses pouvoirs sont limités.

Dans les colonnes du Corriere della Sera, Antonella Mansi, la présidente de la fondation Monte Paschi, a admis avoir eu un "dialogue franc et transparent" avec le ministre.

"Si la fondation avait commis un délit ou toute entorse à une gestion normale, on aurait probablement été rappelés à l'ordre ou placés sous administration spéciale", a-t-elle ajouté.

L'augmentation de capital fait partie des conditions posées par la Commission européenne à son feu vert à l'aide publique reçue au début de l'année. Si la banque ne parvenait pas d'ici la fin 2014 à lever les trois milliards prévus, le Trésor convertirait en actions les obligations qu'il détient, ce qui équivaudrait à une nationalisation.

Monte Paschi, qui prévoit de supprimer 8.000 postes et de fermer 550 agences, a prévenu quant à elle qu'un report de l'augmentation de capital renchérirait de 120 millions d'euros au moins la charge des intérêts sur les dettes dues à l'Etat.

Le délai risque en soi de remettre en cause l'opération puisque le consortium bancaire qui devait souscrire à l'augmentation de capital avait émis pour condition qu'elle soit réalisée en janvier.

Fragilisés, Alessandro Profumo, ancien patron d'UniCredit, et Fabrizio Viola devraient décider en janvier de rester ou non aux commandes de la banque. Antonella Mansi a dit espérer que les deux hommes restent en poste.

"L'incertitude autour du sort de la banque augmente", relève Luigi Tramontana, analyste chez Banca Akros. "Le report de l'augmentation de capital marque une détérioration de la situation."

A la Bourse de Milan, l'action Monte Paschi, en baisse de plus de 3% en début de séance, s'est ensuite redressée pour finir en hausse de 0,87% à 0,1745 euro.

Avec la contribution de Danilo Masoni, Nicolas Delame et Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison