Paris envisage de nouvelles sanctions contre la Russie

PARIS (Reuters) - Si les premières sanctions décidées contre la Russie ne sont pas suivies d'effets en Ukraine, il y aura de nouvelles sanctions dirigées contre des responsables et des entreprises russes, a déclaré vendredi Laurent Fabius. Des sanctions pourraient également être envisagées contre des proches de Vladimir Poutine, a précisé le ministre français des Affaires étrangères. Jeudi, le parlement de Crimée, région russophone d'Ukraine au coeur de la crise entre Moscou et Kiev, a voté le rattachement de la péninsule à la Russie, qui sera soumis à référendum le 16 mars. Dénonçant un projet "totalement inconstitutionnel et illégal en droit international", Laurent Fabius a dit y voir une "manoeuvre" de Vladimir Poutine. "La démarche est faite en liaison avec les autorités russes", a-t-il estimé. "Il y a évidemment une manoeuvre." "Une première salve de sanctions ont été prises par les chefs d'Etat et de gouvernements, s'il n'y a pas des résultats très rapides, alors il y aura des nouvelles mesures en direction des responsables et des entreprises russes", a-t-il déclaré sur France Info, évoquant des gels d'avoirs et des refus de visas. "Et si une autre tentative est faite, alors là on entre dans tout à fait autre chose, c'est-à-dire des conséquences graves relatives aux relations entre l'Europe et la Russie", a-t-il ajouté. À la question "pourrait-il y avoir des sanctions contre Vladimir Poutine en personne?", le ministre français des Affaires étrangères a répondu : "Pour tout ce qu'on appelle le milieu proche, c'est tout à fait dans la possibilité si les Russes ne comprennent pas qu'il faut revenir à une relation normale." PLUS GRAVE CRISE DEPUIS LA GUERRE FROIDE La France n'enverra pas de représentant officiel vendredi à l'ouverture des Jeux paralympiques de Sotchi en Russie, a par ailleurs annoncé le chef de la diplomatie française. "Il n'est pas question de pénaliser les athlètes", a-t-il dit. Mais "qu'il y ait en plus des ministres français là-bas, ça aurait été très inopportun, donc ils ne seront pas là." Les dirigeants des 28 pays membres de l'Union européenne, réunis en conseil extraordinaire à Bruxelles, ont décidé jeudi de suspendre les discussions avec la Russie sur un projet d'accord bilatéral de libéralisation des investissements et des visas en raison de la situation en Crimée. Barack Obama a par ailleurs ordonné des sanctions contre les personnes jugées responsables de l'intervention militaire russe en Ukraine et déclaré que le projet de référendum en Crimée constituerait une violation du droit international. Des responsables américains ont précisé que la liste des personnes et des entités sanctionnées n'avait pas encore été établie et que Vladimir Poutine n'y figurerait pas. "Dans cette crise qui est une crise grave, peut-être une des plus graves depuis la guerre froide, il est très important que l'Europe soit unie", a déclaré Laurent Fabius, disant voir poindre un risque pour "la stabilité internationale". (Chine Labbé)