Netanyahu invite Obama à maintenir les sanctions contre l'Iran

Benjamin Netanyahu a exhorté lundi Barack Obama à maintenir les sanctions frappant l'Iran, voire à les durcir au cas où Téhéran poursuivrait ses activités nucléaires lors de la prochaine série de pourparlers avec les Occidentaux. /Photo prise le 30 septembre 2013/REUTERS/Jason Reed

par Matt Spetalnick et Jeff Mason WASHINGTON (Reuters) - Benjamin Netanyahu a exhorté lundi Barack Obama à maintenir les sanctions frappant l'Iran, voire à les durcir au cas où Téhéran poursuivrait ses activités nucléaires lors de la prochaine série de pourparlers avec les Occidentaux. Soucieux de dissiper les craintes israéliennes sur la politique américaine concernant la République islamique, le président américain a déclaré que l'Iran devait faire la preuve par des actes, et non de simples paroles, de sa sincérité. Il a également promis de maintenir "toutes les options sur la table", y compris le recours éventuel à des frappes militaires. Le Premier ministre israélien était reçu à la Maison blanche trois jours après le coup de téléphone "historique" entre le président américain et son homologue iranien, Hassan Rohani, un contact bilatéral inédit à ce niveau depuis la révolution islamique de 1979. Cette prise de contact a nourri l'espoir d'un règlement du bras de fer qui oppose depuis une décennie les Etats-Unis et l'Iran sur le dossier ultra-sensible du nucléaire. L'esquisse d'un dégel irano-américain a alarmé Israël, un Etat qui accuse la République islamique de chercher à jouer la montre et à obtenir un allègement des sanctions de manière à poursuivre ses activités nucléaires militaires supposées. Téhéran dément vigoureusement chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil. "En fait, Israël croit fermement que si l'Iran poursuit son programme nucléaire pendant les négociations, il faudrait durcir les sanctions", a déclaré "Bibi" Netanyahu, assis au côté de son hôte américain, en faisant l'éloge de la réponse apportée jusqu'ici par les Etats-Unis aux ouvertures du nouveau président iranien. Barack Obama s'est dit, pour sa part, prêt à tester les ouvertures diplomatiques d'Hassan Rohani tout en insistant sur la nécessité "du plus haut degré de vérification" sur une réduction du programme nucléaire iranien avant de décider de ce qu'il a appelé "un soulagement en matière de sanctions". Alors que le chef du gouvernement israélien a plaidé pour "une menace militaire crédible" pour faire pression sur l'Iran et l'amener à mettre en oeuvre ses engagements, le chef de l'administration américaine a fait clairement savoir que son pays restait ouvert à l'option militaire en cas d'échec de la diplomatie. "BELLES PAROLES" L'Etat hébreu a menacé de mener des frappes militaires unilatérales contre les sites nucléaires iraniens mais il est improbable qu'il donne le feu vert à semblable action tant que l'allié américain teste la nouvelle approche adoptée par l'Iran. Malgré des relations personnelles difficiles par le passé, les deux hommes ont paru relativement à l'aise lors de leur entrevue de lundi au Bureau ovale, le "saint des saints" de la Maison blanche. Avant la rencontre, on soulignait que Benjamin Netanyahu s'efforcerait de contrer l'offensive de charme de l'Iran auprès des Etats-Unis en exhortant Barack Obama à ne pas croire aux "belles paroles" du nouveau président iranien et à maintenir la pression sur Téhéran. Depuis son entrée en fonction en août, Hassan Rohani, un religieux perçu comme relativement pragmatique, prône un "dialogue" constructif avec les Etats-Unis. Ces derniers semblent prêts à saisir cette opportunité pour tenter de régler le contentieux lié au programme nucléaire iranien. "Benjamin Netanyahu se moque d'être le seul à gâcher la fête", avait prévenu un responsable israélien avant la rencontre avec Barack Obama. "Il dira au président: 'mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord'", a dit le deuxième responsable israélien. Dimanche, le secrétaire d'Etat John Kerry a estimé qu'un règlement du contentieux nucléaire iranien pourrait intervenir assez rapidement. L'administration américaine est restée vague jusqu'à présent sur les concessions qu'elle réclame à l'Iran. Selon une source proche de la Maison blanche, Barack Obama devrait résister aux pressions israéliennes en faveur d'une date butoir à la recherche d'un compromis diplomatique avec Téhéran. Autre source de tensions, les deux hommes devraient aussi aborder le thème des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, relancées au cours de l'été sur l'insistance des Etats-Unis et que Barack Obama a placées parmi ses priorités lors de son allocution devant l'Assemblée générale de l'Onu mardi. Bertrand Boucey et Jean-Loup Fiévet pour le service français