«Ils ne parlent pas de nos problèmes car ils n’ont pas de solution»

A Lille, des allocataires du RSA portent un regard désabusé sur les politiques. Reportage.

En pleine campagne électorale, l’annonce fin mars d’une hausse du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a fait pschitt. Le sujet concerne pourtant 8,2 millions de personnes. Mais ce chiffre est quasiment passé inaperçu. Les candidats lancés dans la course à l’Elysée n’ont semble-t-il pas considéré qu’il s’agissait là d’un sujet de société sérieux.
«Dans le passé, j’ai milité au PS. J’ai essayé de faire bouger les lignes de l’intérieur sur les questions de lutte contre les exclusions», raconte Thierry Rauch, ouvrier-charcutier, aujourd’hui au RSA, après un long chômage conjugué à des problèmes de santé. «Mais, les dirigeants des partis pensent que les pauvres, ça ne vote pas et qu’en plus ça coûte en prestations. Donc ce n’est pas rentable électoralement de parler d’eux», pointe cet homme de 48 ans qui milite aujourd’hui à ATD Quart Monde.
«Ça fait mal.» On le rencontre avec de nombreux autres allocataires, dans les locaux de Starter, une association lilloise d’insertion et d’accompagnement vers l’emploi. «Manifestement, on ne les intéresse pas», dit Isabelle, chômeuse en fin de droits, qui est passée jadis par la case RMI. «Du coup on se sent encore plus exclus. Ça fait mal. C’est comme si on n’existait pas. C’est comme si on était inutiles». Pour elles, les politiques ne se rendent pas compte de ce que vivent les pauvres. «Moi, ça fait plusieurs années que je vis sans chauffage. On est obligés de faire attention au moindre centime.» A une époque où la crise écologique est devenue une menace, elle dit que les pauvres sont les plus en phase avec le développement durable. «On consomme peu. On ne gaspille rien. On fait de la récupération. On fabrique nous-même du savon, des produits d’entretien.» Les pauvres ont une expertise pour vivre avec peu : le RSA, c’est 474 euros par mois. «Dans nos budgets ce qui pèse le plus lourd, ce sont les factures d’eau, d’électricité (...)

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