L'OCDE invite la France à changer pour sauver son modèle social

Selon un rapport de l'OCDE, la France peut mener de nombreuses réformes pour enrayer l'érosion de sa compétitivité et préserver son modèle social. /Photo d'archives/REUTERS/François Lenoir

PARIS (Reuters) - La France peut mener de nombreuses réformes pour enrayer l'érosion de sa compétitivité et préserver son modèle social, estime l'OCDE dans un rapport publié jeudi, dans un contexte de fortes pressions internationales sur les autorités françaises. Vendredi, la Commission européenne devrait presser à nouveau la France de redresser ses finances et de faire reculer le chômage, tandis que l'agence de notation Standard & Poor's a sanctionné la semaine dernière la politique de réformes à petits pas de François Hollande. Le rapport de l'OCDE, réalisé à la demande du président français, ouvre de nombreuses pistes: renforcer la recherche, l'innovation et la concurrence, rendre le service public plus efficace, réformer la fiscalité pour qu'elle pèse moins sur le travail, réformer le marché du travail, renforcer l'éducation, ou encore modifier les politiques de soutien au logement. "Ce redressement est indispensable pour que la France bénéficie au mieux de la mondialisation des échanges et des investissements tout en préservant ses atouts, la qualité de ses services publics et les éléments les plus importants de son 'modèle social'", lit-on dans le rapport publié jeudi. Malgré une croissance économique "fragile", la France a évité la pression des marchés financiers qui a obligé l'Italie ou l'Espagne à se réformer. Mais "les marchés financiers peuvent se retourner très rapidement", a souligné le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, en présentant le rapport. Il a invité la France à "maintenir le cap des réformes" pour "constamment mener et ne pas être mené par les marchés". LE MARCHÉ DU TRAVAIL, "PIERRE ANGULAIRE" L'OCDE salue le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), l'accord sur le marché du travail, la rénovation du système éducatif et le soutien à l'innovation. Mais elle invite à mettre en oeuvre "une stratégie plus globale et davantage cohérente de réformes de fond pour accroître la productivité et redresser la compétitivité du tissu productif français". Elle souligne que plusieurs pays européens ont mené ou mènent ces réformes, ce que n'a pas fait la France où, souligne-t-elle parallèlement, les salaires continuent de progresser alors que la productivité baisse. "Cela affecte les parts de marché de la France (...) mais aussi plus globalement l'attrait de la France pour les investisseurs", estime-t-elle. Pour renforcer la recherche et l'innovation, particulièrement basse de la part des entreprises, surtout les PME, les efforts doivent être poursuivis et évalués afin d'améliorer les dispositifs comme le Crédit d'impôt recherche (CIR). La France pourrait renforcer la concurrence pour stimuler l'innovation et accroître la productivité, soutenant ainsi la croissance et l'emploi, estime l'OCDE, qui cite les industries de réseau (rail, énergie), le commerce de détail, les services aux entreprises et certaines professions libérales. Accroître l'efficacité du secteur public et réduire la pesanteur réglementaire, en rationalisant le "millefeuille" administratif et territorial français et en simplifiant l'organisation des autorités décentralisées, serait bénéfique. Une réforme de la fiscalité devrait soutenir l'emploi et l'investissement, la fiscalité sur le travail étant particulièrement élevée, ce qui, combiné avec un salaire minimum comparativement élevé pénalise particulièrement les salariés non qualifiés, et surtout les plus jeunes. La réforme du marché du travail reste quant à elle "la pierre angulaire de toute stratégie de croissance et de compétitivité en France", estime l'OCDE, soulignant le faible taux d'emploi des jeunes et des plus âgés, un important chômage de longue durée et une forte segmentation de ce marché. Jean-Baptiste Vey, avec Leigh Thomas, édité par Yves Clarisse