L'Iran critique l'enquête de Reuters sur les biens de Khamenei

L'agence de presse officielle iranienne a qualifié de "désinformation" l'enquête en trois volets réalisée par Reuters sur l'empire économique d'environ 95 milliards de dollars contrôlé par l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique. /Photo d'archives/REUTERS/Leader.ir/Handout

DUBAI (Reuters) - L'agence de presse officielle iranienne a qualifié de "désinformation" l'enquête en trois volets réalisée par Reuters sur l'empire économique d'environ 95 milliards de dollars contrôlé par l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique. L'agence Irna estime que cette enquête journalistique, fruit de six mois de travail, vise à ternir l'image de l'Iran et à affaiblir "les piliers de la révolution islamique". L'enquête publiée la semaine dernière par Reuters détaille comment une organisation peu connue, Setad, est devenue l'une des plus puissantes institutions d'Iran en préemptant systématiquement et en revendant des milliers de biens immobiliers appartenant à des Iraniens. Setad s'est imposée comme l'une des clés de la longévité d'Ali Khamenei à la tête du pouvoir grâce à des participations dans presque tous les secteurs stratégiques de l'économie. Via Setad, le dignitaire religieux disposerait de ressources financières presque aussi importantes que celles détenues par le chah lors de son renversement en 1979. "La publication de fausses informations concernant Setad vise à créer le doute dans la population et détruire la confiance du peuple dans les institutions qui servent la République islamique", dit Irna dans un éditorial. "Dans son reportage, Reuters utilise la vieille tactique consistant à ne dire qu'une partie de la vérité et s'évertue à présenter Setad, une importante organisation caritative, sous un jour partial", ajoute l'agence. EXACTITUDE ET IMPARTIALITÉ Reuters maintient l'exactitude et l'impartialité de son reportage, a dit Barb Burg, porte-parole de l'agence de presse. La valeur de Setad, précise-t-il, a été établie à partir de déclarations de responsables de l'organisation, de données de la Bourse de Téhéran, de sites d'entreprises et d'informations du Trésor américain. Irna ne fournit pas de précisions sur les informations centrales du reportage publié par Reuters, l'expropriation dont sont victimes certains Iraniens et l'influence dont jouit Setad dans des domaines aussi stratégiques que la finance, le pétrole, les télécommunications ou l'industrie pharmaceutique. Irna, dans son éditorial publié en farsi et en anglais, rappelle que Setad joue un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté dans les zones déshéritées et que son action atténue les effets des sanctions économiques internationales prises en représailles au programme nucléaire iranien. Setad contrôle une fondation caritative qui aurait investi 1,6 milliard de dollars sur cinq ans dans des projets de développement, a dit en avril un de ses dirigeants. Ce chiffre, a rappelé Reuters dans son reportage, est impossible à vérifier car les comptes de l'institution ne sont pas publics. Isabel Coles, Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser