Le Vélodrome s'invite dans la campagne à Marseille

MARSEILLE (Reuters) - Le stade Vélodrome de Marseille, que la droite veut conserver et dont la gauche veut se séparer, n'est pas plus à vendre que le club emblématique qu'il héberge, déclare la propriétaire de l'OM, Margarita Louis-Dreyfus. Le stade est en fait la propriété de la municipalité, même s'il est le plus souvent associé au plus titré des clubs de football français, qui le loue pour ses matches depuis l'inauguration de l'enceinte sportive en 1937. Autrefois, on disait du Vélodrome qu'il était le cœur de la ville, que chaque travée était emblématique de la sociologie de la cité phocéenne. Mais les différentes rénovations du stade ont amoindri son pouvoir d'attraction, même s'il reste un enjeu crucial, au moins dans l'imaginaire marseillais. Déjà objet de vifs débats dans les années 1930 au moment de sa construction, la vente éventuelle du Vélodrome s'est donc naturellement invitée dans la campagne des municipales, devenant un sujet de division entre le maire UMP sortant, Jean-Claude Gaudin, et son challenger socialiste, Patrick Mennucci. L'objectif du candidat PS est de trouver un investisseur susceptible d'acquérir l'équipement et le club, qui selon lui coûte chaque année 12 millions d'euros aux contribuables marseillais. L'actuel maire de Marseille ne veut pas brader ce qu'il considère être le "patrimoine de la ville" et a préféré opter pour un partenariat public-privé (PPP) pour financer le coût de la modernisation du stade, dont la capacité passe à 67.000 places et qui se dote d'un toit dans le cadre de l'accueil par la France de l'Euro 2016. AUCUN CANDIDAT A quatre jours du premier tour du scrutin municipal, c'est l'actionnaire majoritaire de l'OM qui fait entendre sa voix. "Aujourd’hui, il n’existe aucun candidat crédible capable de s’engager à la hauteur de nos concurrents. Et je ne céderai pas le club à quelqu’un qui fait des promesses qu’il ne puisse pas tenir", dit mercredi Margarita Louis-Dreyfus sur le site internet de l'OM. "Ce serait un coup fatal porté au club et j’aime trop l’Olympique de Marseille pour m’en désengager en mettant son avenir en péril." La veuve de l'homme d'affaires Robert Louis-Dreyfus, qui a racheté en 1996 le club au bord du dépôt de bilan et a injecté dans les caisses plus de 200 millions d'euros de sa fortune personnelle jusqu'à sa mort en 2009, juge tout aussi irréaliste de vouloir s'aligner sur les budgets des deux principaux clubs du championnat de France, le Paris Saint-Germain et Monaco. Des clubs qu'elle juge "hors normes" au regard de la réalité économique du football français. "N’importe quel gestionnaire vous le confirmerait, il serait insensé de vouloir rivaliser sur ce terrain avec des investisseurs qui s’appuient sur les fonds colossaux d’un Etat ou profitent d’une fiscalité beaucoup moins lourde que celle pratiquée en France pour tous les clubs du foot", dit-elle. A l'image des investisseurs qataris au PSG, russe à Monaco et plus récemment azerbaïdjanais à Lens, Marseille scrute la venue d'un mécène pour bâtir une équipe capable de faire revenir le rêve au stade Vélodrome. A la condition que l'oiseau rare s'engage à "laisser l'OM jouer au Vélodrome" et à ne pas "revendre le stade pour réaliser une opération immobilière", selon Pape Diouf, ancien président de l'OM et dernier engagé dans la course à la mairie. (Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)