Le tireur présumé de Paris entendu par les enquêteurs

PARIS (Reuters) - L'auteur présumé des coups de feu tirés lundi dans le hall de Libération à Paris puis à la Défense a été placé en garde à vue pour des chefs de tentatives d'assassinat, d'enlèvement et de séquestration, a déclaré jeudi le procureur de Paris. Abdelhakim Dekhar, qui n'avait pas pu être entendu par les enquêteurs lors de son interpellation mercredi soir en raison de son état de santé, a été interrogé pendant une partie de la journée avant d'être de nouveau hospitalisé, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, sur i>TÉLÉ. Si les motivations du tireur présumé, condamné en 1998 pour son implication dans l'équipée sanglante menée par Florence Rey et Audry Maupin, demeurent floues, la police a retrouvé des lettres dans lesquelles il évoque un "complot fasciste". "Il accuse 'les médias de participer à la manipulation des masses' (...) il stigmatise tour à tour le capitalisme et la gestion des banlieues", a indiqué le procureur de Paris, François Molins. "Les experts psychiatres qui l'avaient examiné dans le cadre de l'affaire Florence Rey avaient relevé à l'époque un discours riche et fleuri révélateur de tendances affabulatoires." Après avoir fait feu lundi matin dans le hall du quotidien Libération, blessant grièvement un assistant photographe, Abdelhakim Dekhar a tiré vers une tour Société Générale, à La Défense, et pris en otage un automobiliste avant de disparaître. Il a été confondu par une comparaison de son ADN avec des prélèvements effectués par les enquêteurs sur la voiture du conducteur qu'il avait contraint à l'emmener et sur des cartouches retrouvées à l'accueil de BFM TV, où il était entré vendredi dernier sans ouvrir le feu. "Il a fallu quatre à cinq heures pour confondre à travers l'ADN cet individu", a souligné le ministre de l'Intérieur Manuel Valls dans la nuit de mercredi à jeudi, se disant fier du "travail remarquable" accompli par les forces de police et saluant la "prouesse" de la police scientifique. RÉCIDIVE CRIMINELLE Le tireur présumé a été arrêté à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), près de Paris, mercredi vers 19h00 alors qu'il se trouvait dans une voiture garée dans un parking souterrain. Son hébergeur s'était manifesté auprès de la police, permettant l'arrestation d'Abdelhakim Dekhar, qui a été retrouvé dans un état semi-conscient. Selon son hébergeur, il a exprimé sa volonté de mettre fin à ses jours, a dit François Molins. Abdelhakim Dekhar était considéré comme le "troisième homme" de l'affaire Rey-Maupin, soupçonné d'avoir acheté un des fusils à pompe dont ces deux jeunes gens qui gravitaient dans les milieux autonomes se sont servis lors de la double fusillade du 4 octobre 1994 à Paris. Abdelhakim Dekhar, arrêté peu de temps après les faits et placé en détention préventive dès octobre 1994, avait été condamné à quatre ans de prison pour association de malfaiteurs. L'accusation avait requis une peine de dix ans mais les charges de vol à main armée n'avaient pas été retenues contre lui. "Il se trouve donc par rapport à ces faits en état de récidive criminelle", a déclaré François Molins. Il se serait rendu à l'étranger après avoir purgé sa peine, en 1998, et ne figurait pas sur le fichier national des empreintes génétiques, créé la même année. L'homme, qui hébergeait Abdelhakim Dekhar, a indiqué l'avoir rencontré "à Londres il y a 13 ans", a précisé le procureur. Des centaines d'appels sont parvenus aux enquêteurs depuis le lancement d'un appel à témoins. Quatre photos, notamment la capture d'une image de vidéosurveillance de la RATP dans un couloir de la station Concorde, ont été diffusées. Les enquêteurs ont épluché 1,2 million de données téléphoniques et passé au crible les enregistrements des caméras de vidéosurveillance, a précisé Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur a expliqué jeudi que l'assistant photographe blessé dans le hall de Libération, "qui a été un moment entre la vie et la mort", "heureusement aujourd'hui va mieux". Gérard Bon, Henri-Pierre André et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse