Le Pakistan va libérer l'ancien n°2 des taliban afghans

par Maria Golovnina ISLAMABAD (Reuters) - Le Pakistan va libérer d'ici la fin du mois le mollah Abdul Ghani Baradar, ancien numéro deux du mouvement taliban, pour contribuer au processus de paix en Afghanistan, a annoncé mardi le conseiller diplomatique du Premier ministre pakistanais. "Nous avons entériné le principe de sa libération. Le calendrier est en cours de discussion. Cela devrait être très bientôt (...) Je pense d'ici la fin du mois", a déclaré Sartaj Aziz, conseiller de Nawaz Sharif. Le mollah Baradar, a-t-il ajouté, ne sera pas remis aux autorités afghanes, comme certains l'espéraient à Kaboul, mais simplement libéré au Pakistan. Le président afghan, Hamid Karzaï, et les Etats-Unis réclament sa libération de longue date, jugeant qu'il peut être utile pour inciter les taliban à s'asseoir à la table des négociations avant le départ des unités de combat étrangères, fin 2014. Jusqu'à sa capture au Pakistan en 2010, le mollah Abdul Ghani Baradar était le chef militaire de la milice islamiste et entretenait d'étroites relations avec le mollah Omar, chef suprême du mouvement, toujours en fuite. Kaboul, qui le juge moins extrémiste, aimerait le voir jouer un rôle de médiateur auprès des chefs taliban, mais certains doutent qu'il puisse se faire entendre et s'interrogent sur son engagement en faveur du processus de paix. AU SERVICE DU PROCESSUS DE PAIX "Karzaï voulait évidemment qu'il aille en Afghanistan, mais nous pensons que, pour qu'ils jouent un rôle positif dans le processus de réconciliation, ils doivent le faire en accord avec leur propre conseil, leur propre direction", a poursuivi Sartaj Aziz. "Ils ne peuvent le faire que s'ils sont libérés (...) Je pense que Karzaï a accepté qu'ils jouent un rôle constructif dans le processus de paix", a-t-il ajouté. L'administration afghane s'est félicitée de l'initiative, tout en invitant Islamabad à garder un oeil sur le mollah Baradar. "La position du Pakistan est de ne pas le relâcher en Afghanistan et de le garder au Pakistan. Mais notre position est que le mollah Baradar doit être accessible, en sécurité à une adresse connue et qu'il doit être au service du processus de paix afghan", a réagi Aimal Faizi, porte-parole d'Hamid Karzaï. Kaboul accuse de longue date le Pakistan, lui-même aux prises avec une guérilla islamiste, de jouer double jeu et d'instrumentaliser les taliban. La fin de non-recevoir qu'Islamabad opposait jusqu'ici aux demandes afghanes concernant le mollah Baradar était considérée comme l'un des principaux obstacles au processus de paix. Les autorités pakistanaises avaient déjà relâché samedi sept taliban afghans, deux semaines après la visite d'Hamid Karzaï à Islamabad. (voir ) Bertrand Boucey et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser