Le gouvernement rejette l'ultimatum breton sur l'écotaxe

Le gouvernement rejettte l'ultimatum des "bonnets rouges" bretons qui menacent de nouvelles actions si la suppression de l'écotaxe n'intervient pas avant mercredi midi. /Photo prise le 15 octobre 2013/REUTERS/Stéphane Mahé

PARIS (Reuters) - Le gouvernement a rejeté mercredi l'ultimatum lancé par les "bonnets rouges" pour la suppression de l'écotaxe et dit compter sur le dialogue pour sortir la Bretagne de la crise, avec comme objectif la signature d'un accord sur le "pacte d'avenir" avant fin novembre. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui s'exprimait lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, a dénoncé des "ultimatums qui n'ont pas lieu d'être" et des violences émanant d'une "minorité" et de "groupes extrémistes". Il a défendu la nécessité d'un dialogue entre tous les acteurs et exprimé sa volonté d'"aller vite" pour la mise en oeuvre du plan présenté à la mi-octobre. "Ce que je veux, c'est que d'ici la fin du mois de novembre nous soyons en mesure de signer le pacte d'avenir et le plan d'avenir de l'agroalimentaire. Je souhaite que toutes les forces s'y mettent et si c'est le cas, j'irai personnellement signer ce contrat", a-t-il ajouté. Le maire divers gauche de Carhaix (Finistère), Christian Troadec, l'un des chefs de file du collectif "Vivre, décider et travailler en Bretagne", avait exigé "une annonce officielle de la suppression de l'écotaxe pour la Bretagne" avant mercredi midi (11h00 GMT) sous peine de mener de nouvelles actions. L'élu a reconnu ensuite que l'ultimatum n'était "peut-être pas la bonne méthode". Cet ultimatum a été lancé alors que le conseil des ministres examinait le pacte d'avenir pour la Bretagne, un plan d'aide de 15 millions d'euros pour la filière agroalimentaire locale, en grande difficulté. Le préfet de Bretagne devait réunir mercredi après-midi à Rennes les élus, les partenaires sociaux et le collectif des acteurs économiques pour discuter de sa mise en oeuvre. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, est attendu de son côté vendredi sur place. "VIOLENCES INADMISSIBLES" Jean-Marc Ayrault a annoncé la semaine dernière la suspension de l'écotaxe poids lourds, qui devait entrer en vigueur le 1er janvier, face à la fronde des "bonnets rouges", le temps de trouver un mécanisme acceptable par tous. Cette taxe les camions, votée par la précédente majorité, vise à favoriser les modes alternatifs de transport au nom de la préservation de l'environnement, avec un gain annuel attendu pour l'Etat de 760 millions d'euros. La levée de boucliers des Bretons contre ce projet s'est traduite par des manifestations parfois violentes et la destruction de plusieurs des portiques où la taxe est prélevée. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a dénoncé des "actes inadmissibles", tout en invitant à "ne pas confondre le comportement inadmissible de quelques individus (..) et la situation plus large d'un certain nombre d'acteurs bretons légitimement préoccupés par l'avenir de ce territoire". A Carhaix, Christian Troadec a dénoncé pour sa part le "mépris" du gouvernement, qui "n'a pas entendu le message des Bretons". "L'ultimatum n'est peut-être pas la bonne méthode, en tout cas on voit qu'on ne l'a pas emporté aujourd'hui mais je ne pense pas non plus que les diktats de Paris à l'égard de la Bretagne soient des bonnes méthodes", a-t-il dit sur BFM-TV. "Nous allons déterminer les actions à venir pour les prochains jours et pour les prochaines semaines avec calme, détermination mais aussi en regardant la façon dont fonctionne Paris à l'égard des Bretons", a-t-il annoncé. Plusieurs ministres sont montés au créneau pour défendre la gestion gouvernementale de cette crise qui illustre les crispations du pays sur les questions fiscales. "Le gouvernement a compris l'ampleur des difficultés", a assuré sur France Inter le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, ancien président de la région Bretagne. Mais "l'ultimatum ne fait pas partie de la République, on ne travaille pas comme ça", a-t-il prévenu. Service France, édité par Patrick Vignal