Le gouvernement défend Manuel Valls sur les Roms

PARIS (Reuters) - Le gouvernement a défendu mercredi la politique de Manuel Valls envers les Roms, après ses propos qui ont suscité des remous au sein même de la majorité et indigné des associations dénonçant des surenchères à six mois des élections municipales. Le ministre de l'Intérieur a réaffirmé mardi que les Roms avaient vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie, jugeant leur mode de vie en confrontation avec celui des Français. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a défendu la politique "portée avec fermeté et humanité par Manuel Valls", en affirmant que "le retour au pays fait partie de la palette des solutions". La politique en la matière doit être conduite avec "fermeté car la misère n'est pas un mode de vie et donc quand il doit y avoir démantèlement de camps, on les démantèle", a-t-elle déclaré lors du compte rendu du conseil des ministres. Face aux critiques, Manuel Valls a répondu qu'il n'avait "rien à corriger", jugeant que "la responsabilité du ministre de l'Intérieur consiste à tenir un discours de vérité" et s'est défendu de toute visée électoraliste. "Il n'y a aucune stratégie de ma part. Mon seul objectif est d'assurer la sécurité de mes concitoyens", a-t-il dit lors de la présentation d'un plan anti-cambriolage. Dans un éditorial, Le Monde dénonce mercredi "la faute" de Manuel Valls, qui a relancé, selon lui, le débat "exactement sur le terrain où l'avait placé la droite : l'impossibilité, sauf pour quelques familles, d'intégrer ces populations". Pour Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice, la polémique sur les problèmes d'insertion des Roms en France est clairement instrumentalisée à des fins électorales en vue des échéances municipales et européennes de 2014. "Si je ne me trompe (pas), il y a de l'élection dans l'air en France. A chaque fois qu'on ne veut pas parler de choses importantes comme le budget ou les dettes, on trouve les Roms", a-t-elle déploré sur France Info. VALLS COMME SARKOZY ? Dans un appel obtenu par Reuters, 70 personnalités du monde culturel, associatif et politique dénoncent avec le Mouvement antiraciste européen la poursuite d'une "violente et absurde" politique d'expulsions qui, "par bien des aspects est la poursuite de celle menée par Nicolas Sarkozy." Elles rappellent que Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du Front national, a déclenché en juillet dernier les hostilités contre les Roms avant que Christian Estrosi, maire UMP de Nice, ne lance un appel à la révolte, "véritable appel à la haine, contre les gens du voyage". "Puis Régis Cauchet, maire de Croix, a renchéri dans l'escalade ignominieuse en soutenant par avance les meurtriers de Roms, avant que Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) n'alimente la stigmatisation nauséabonde", ajoute le texte. L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy avait dit avoir "le sentiment d'une pression persistante et, dans certains quartiers, croissante" des Roms, parlant de "harcèlement". Selon le Mouvement antiraciste européen, depuis mai 2012, "l'équivalent de la totalité des 15.000 à 20.000 Roms étrangers présents sur le territoire national ont été expulsés". Les signataires déplorent que l'obligation de toujours proposer des solutions de relogement, promesse électorale de François Hollande et mesure-clef de la circulaire interministérielle du 28 août 2012, ne soit pas respectée. Ils appellent également la majorité à ne pas repousser l'examen la loi de suppression intégrale de la "loi discriminatoire de 1969, relative au contrôle des nomades". Celle-ci avait notamment instauré des carnets anthropométriques et permis la persécution des tsiganes en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Patrick Vignal, Gérard Bon et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse