Le Congrès veut mieux définir la résolution d'Obama sur la Syrie

Les parlementaires américains ont commencé lundi à plancher sur une contre-proposition à la demande d'autorisation présentée par Barack Obama en vue d'une intervention militaire aérienne contre le pouvoir syrien. /Photo d'archives/REUTERS/Gary Cameron

par Patricia Zengerle et Susan Cornwell WASHINGTON (Reuters) - Les parlementaires américains ont commencé lundi à plancher sur une contre-proposition à la demande d'autorisation présentée par Barack Obama en vue d'une intervention militaire aérienne contre le pouvoir syrien. La proposition présentée samedi par la Maison blanche autorise le chef de l'Etat à employer les forces armées de la manière qu'il estime "nécessaire et appropriée en relation avec l'utilisation d'armes chimiques et d'autres armes de destruction massive dans le conflit en Syrie". Le texte prévoit explicitement d'autoriser une action militaire afin de dissuader et de prévenir le transfert de ce type d'armes à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie. Si cette autorisation se concentre sur l'usage des armes chimiques par les troupes d'Assad dans la banlieue de Damas le 21 août, elle ne fixe pas de limite de temps à l'action militaire américaine, ne la réduit pas à la seule Syrie et n'établit pas assez clairement le cadre de l'action au goût des parlementaires. Le sénateur démocrate Robert Mendez, président de la commission des Affaires étrangères de la chambre haute, et Harry Reid, chef de file des démocrates au Sénat, se sont entretenus sur une version révisée de la demande d'autorisation, a dit un assistant parlementaire. La commission pourrait commencer à débattre d'une mouture amendée dès mercredi après-midi avant une discussion en séance la semaine prochaine. Les deux chambres achèvent leurs vacances parlementaires le 9 septembre. Le secrétaire d'Etat John Kerry et le secrétaire à la Défense Chuck Hagel vont être entendus en tant que témoins mardi par la commission sénatoriale des Affaires étrangères lors d'une audition publique. "La résolution qu'ils ont présentée est tellement ouverte que je pense que même les partisans de l'administration (Obama) auraient du mal à la soutenir", a commenté James McGovern, représentant démocrate du Massachusetts. "L'autorité élargie que demande le président m'inspire à moi et à d'autres de nombreuses inquiétudes", a renchéri le sénateur républicain Roy Blunt du Missouri. "Et je pense que c'est ce qui devra être réduit la semaine prochaine." AUTORISATION LIMITÉE Malgré les promesses faites par la Maison blanche que l'intervention en Syrie n'impliquerait pas de troupes au sol, de nombreux parlementaires souhaitent que toute autorisation mentionne qu'aucun soldat ne sera envoyé en Syrie. Nombreux sont ceux qui estiment que si une action militaire est menée, elle doit se cantonner à des frappes aériennes au moyen de missiles pour aider les rebelles à chasser Bachar al Assad. Les répercussions possibles d'une nouvelle intervention américaine au Moyen-Orient, la pertinence d'une action ne bénéficiant pas d'un large soutien international ou encore l'opposition de l'opinion américaine, fatiguée par les guerres en Afghanistan et en Irak, alimentent aussi le scepticisme d'une partie du Congrès. "Ce n'est pas une question de confiance à l'égard du président. Je fais confiance au président", a dit Chris Van Hollen, représentant du Maryland. "C'est une question de savoir quelle autorité le Congrès décide d'accorder. De mon point de vue, il faut accorder une autorité très limitée, réduite au seul but visé." Consciente qu'elle va avoir du mal à rallier une majorité au sein de la Chambre des représentants où les démocrates sont minoritaires, mais aussi au Sénat, la Maison blanche a annoncé lundi soir être prête à reformuler certains passages de son projet de résolution. Un responsable de la présidence a précisé que l'administration était ouverte à des modifications "suivant les paramètres que le président a déjà expliqués". Dans ce concert de voix discordantes, seule celle du sénateur John McCain, ancien candidat républicain à la présidence, traduit un soutien sans détour à l'usage de la force. "Si le Congrès rejetait cette résolution après que le président des Etats-Unis s'est engagé à agir, les conséquences seraient catastrophiques", a-t-il dit devant la presse. McCain, qui a rencontré Barack Obama à la Maison blanche, a reconnu que l'administration américaine avait "encore beaucoup de chemin à parcourir" avant de voir sa résolution adoptée. Henri-Pierre André et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Tangi Salaün