Lasse du jeu politique, Dominique Voynet renonce aux municipales

DOMINIQUE VOYNET TOURNE LA PAGE DE MONTREUIL
L'ancienne ministre de l'Ecologie Dominique Voynet ne se représentera pas aux élections municipales en mars prochain à Montreuil par lassitude de "ce jeu politique" où "il n'y a pas de valeur ajoutée pour les élus qui refusent la corruption, le clientélisme, le communautarisme". /Photo d'archives/REUTERS/Kenzo Tribouillard/Pool (Reuters)

PARIS (Reuters) - L'ancienne ministre de l'Ecologie Dominique Voynet ne se représentera pas aux élections municipales en mars prochain à Montreuil (Seine-Saint-Denis) par lassitude de "ce jeu politique" où "il n'y a pas de valeur ajoutée pour les élus qui refusent la corruption, le clientélisme, le communautarisme". Candidate des Verts à l'élection présidentielle de 2007 (1,57% des voix), l'élue d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) avait emporté la mairie de Montreuil en 2008 aux dépens du maire sortant Jean-Pierre Brard (apparenté communiste). "Jamais je n'ai ressenti aussi fort la conviction d'être utile, de peser sur le cours des choses, au plus près des hommes et des femmes qui vivent, travaillent, apprennent, aiment, créent à Montreuil", écrit-elle dans une lettre d'explication publiée lundi sur son site internet. "Et pourtant, j'ai pris la lourde décision de ne pas me représenter en mars", ajoute-t-elle. Dominique Voynet, 55 ans, explique souffrir "profondément de la dégradation de la vie politique et du climat qui conduit, à Montreuil comme ailleurs, à englober tous les politiques d'une même suspicion, et de plus en plus souvent d'un même mépris". Dans une interview publiée mardi dans Libération, elle déplore que "les élus qui refusent le cumul des mandats (soient) traités par les citoyens avec autant de suspicion et de distance que ceux qui cumulent". "RENDRE COUP POUR COUP" "Il n'y a pas de valeur ajoutée pour les élus qui refusent la corruption, le clientélisme, le communautarisme et le 'câlinage' des intérêts particuliers dans le sens du poil", dit-elle. Dans sa lettre, encore, elle dit refuser de "rendre coup pour coup, d'user du mensonge, de la calomnie et de l'insulte", "d'user de la démagogie la plus abjecte et d'arguments aux relents lepénistes - sur l'insécurité, sur les Roms - pour frapper à l'estomac les électeurs les plus fragiles". Dominique Voynet ne vise personne nommément dans ses diatribes mais a fait allusion mardi matin sur France Inter au parcours du député socialiste Razzy Hammadi, qui a annoncé sa candidature à l'élection municipale de Montreuil le 23 septembre, sous les auspices du président de l'Assemblée Claude Bartolone, présenté comme le "patron" de la Seine-Saint-Denis. "Quand on n'a pas de parrain qui porte sur vous une aile protectrice, c'est compliqué de faire son trou en politique et de la faire proprement", a-t-elle dit. Dans Libération, la maire de Montreuil explique qu'elle ne veut pas "faire alliance avec des personnes dont (elle) ne partage pas la façon de faire de la politique et avec lesquelles (elle) s'éloignerai(t) de es valeurs et de (s)es convictions". Razzy Hammadi déclare respecter sa décision "au-delà des divergences qui sont les nôtres" et souligne dans un communiqué que les "Montreuillois(e)s aspirent au respect et à la sérénité". "Je veux que la gauche soit au niveau de l'exigence qui est la leur. C'est là le sens que je donne à mon engagement", écrit-il. Sophie Louet