Paris va augmenter ses forces en Centrafrique, dit Bangui

PARIS (Reuters) - La France va tripler son contingent militaire en République centrafricaine pour le porter à 1.200 hommes dans l'espoir de rétablir la sécurité dans le pays, a déclaré lundi le Premier ministre centrafricain, Paris ne confirmant toutefois pas ce chiffre dans l'immédiat. A l'issue d'un entretien avec le chef de la diplomatie française Laurent Fabius à Paris, Nicolas Tiangaye a précisé que les renforts devraient être déployés "vers la mi-décembre, après le vote d'une résolution au Conseil de sécurité". "Nous avons parlé de la question de la sécurité. La France a actuellement 410 soldats à Bangui et elle va en envoyer 800 supplémentaires, davantage si nécessaire", a dit le Premier ministre centrafricain. Le Quai d'Orsay a souligné de son côté la nécessité d'une "forte mobilisation de la communauté internationale en appui de la force africaine", mais n'a pas confirmé le chiffre avancé par Nicolas Tiangaye. "Notre priorité, dans l'immédiat, est l'adoption prochaine d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité donnant un mandat à cette force", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal. "Les modalités précises de notre soutien à cette dernière feront l'objet d'une concertation avec nos partenaires et d'une communication ultérieure", a-t-il ajouté. Le contingent français, dont la mission se cantonne pour le moment à sécuriser l'aéroport de Bangui, sera à l'avenir chargé d'appuyer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), la force de maintien de la paix de l'Union africaine mandatée par l'Onu, qui doit prendre ce mois-ci le relais de la force de l'Afrique centrale en Centrafrique (Fomac), a-t-il ajouté. La République centrafricaine a sombré dans la violence et le chaos depuis que les rebelles de la Séléka (Coalition) ont évincé le président François Bozizé en mars. Face à cette situation, la France a annoncé son intention "d'augmenter sensiblement" son contingent. Selon le département d'Etat américain, la violence a fait près de 400.000 déplacés dans le pays et 68.000 réfugiés dans les pays voisins depuis que le chef de la Séléka et président par intérim, Michel Djotodia, a perdu le contrôle de sa coalition de chefs de guerre. "INACCEPTABLE" Nicolas Tiangaye a déclaré que les renforts français viendraient du Cameroun voisin pour sécuriser la route du Cameroun jusqu'à Bangui, protégeant un couloir vital pour ravitailler le pays enclavé. Le Premier ministre a ajouté que les militaires français se chargeraient également de sécuriser le nord-ouest du pays et viendraient appuyer les forces africaines dans toutes les zones où la population n'est pas protégée. "Ce qui est inacceptable", a déclaré Nicolas Tiangaye, "c'est qu'il y a une aggravation de la situation dans le pays, qu'il y a des crimes de guerre commis (...). Il faut tout mettre en oeuvre pour faire cesser cela." La Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) a déployé la Fomac, une force de maintien de la paix de 2.500 militaires en Centrafrique. La résolution sur la table des Nations unies doit mandater la Misca, une force de l'Union africaine appuyée par la France, pour prendre le relais de cette force à la mi-décembre et en porter les effectifs à 3.600 hommes. Cette résolution pourrait circuler dès cette semaine au Conseil de sécurité et être adoptée avant le sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, organisé à Paris les 6 et 7 décembre. Dans un rapport au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a également recommandé aux Nations unies de préparer le déploiement d'une mission de maintien de la paix dans le pays. Il a évalué ses effectifs à 6.000 soldats et 1.700 policiers dans un premier temps, à 9.000 militaires en cas de nouvelle détérioration de la situation. Devant le Conseil de sécurité lundi, le sous-secrétaire général Jan Eliasson a souligné que le transfert de la Misca à une mission de l'Onu prendrait du temps et il a exhorté la communauté internationale à s'y préparer dès maintenant. Le diplomate suédois a estimé que la République centrafricaine devenait un vivier de groupes extrémistes et qu'il était capital que l'Onu agisse rapidement. "Si on laisse s'envenimer cette situation, elle pourrait évoluer en conflit religieux et ethnique avec des conséquences à long terme, voire une guerre civile susceptible de s'étendre à d'autres pays", a-t-il dit. Les affrontements opposent de plus en plus les combattants majoritairement musulmans de la Séléka à des milices chrétiennes. Les chrétiens constituent environ la moitié de la population centrafricaine et les musulmans 15%. John Irish, avec Michelle Nichols aux Nations unies, édité par Jean-Stéphane Brosse