La crise ukrainienne pourrait coûter cher à Gazprom

Selon des analystes du secteur, le groupe russe Gazprom a plus à perdre qu'à gagner en augmentant cette semaine de 80% le prix de ses livraisons de gaz à l'Ukraine. /Photo d'archives/REUTERS/Alexander Demianchuk

MOSCOU (Reuters) - En augmentant cette semaine de 80% le prix de ses livraisons de gaz à l'Ukraine, le groupe russe Gazprom a finalement plus à perdre qu'à gagner, estiment des analystes du secteur.

"Même si ce prix peut se justifier légalement, il est irréaliste à long terme et cela va nuire à l'image de Gazprom, affecter sa capitalisation et indirectement avoir des répercussions sur tout le marché russe", déclare Valeri Nesterov, de Sberbank CIB.

Comme d'autres experts, il juge que Gazprom pourrait perdre cette année jusqu'à deux milliards de dollars à la suite de cette hausse et devoir réduire sa production de 5%.

La moitié environ des exportations de gaz russe vers l'Europe passe par l'Ukraine, qui stocke ce gaz dans l'ouest du pays.

"L'Ukraine est incapable de remplir ses stocks de gaz au prix aujourd'hui établi. Et sans ces réserves Gazprom ne peut respecter ses contrats à l'exportation vers l'Europe", souligne Mikhaïl Kortchemkine, du groupe East European Gas Analysis.

"Avec de tels prix du gaz, l'Ukraine va encore creuser sa dette - jusqu'à ce que Kiev demande un arbitrage ou que Moscou arrête ses livraisons", déclare Valentin Zemlianski, ancien porte-parole de la compagnie ukrainienne Naftogaz.

(Vladimir Soldatkin et Denis Pinchuk avec Pavel Polityuk à Kiev; Guy Kerivel pour le service français)