La course à la succession de José Manuel Barroso est relancée

Le commissaire au Marché intérieur, Michel Barnier, a relancé mardi la course à la succession de José Manuel Barroso (photo) à la présidence de la Commission européenne en confirmant sa volonté d'être le candidat du Parti populaire européen (PPE). /Photo prise le 10 janvier 2014/REUTERS/Ints Kalnins

PARIS (Reuters) - Le commissaire au Marché intérieur, Michel Barnier, a relancé mardi la course à la succession de José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne en confirmant sa volonté d'être le candidat du Parti populaire européen (PPE). Au PPE, il sera en compétition avec l'ex-Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui s'est aussi lancé dans la bataille. Le PPE, principal parti de la droite européenne, doit désigner son candidat lors d'un congrès, les 5 et 6 mars. "Si je suis choisi par le Parti populaire européen, je suis prêt à m'engager", déclare dans le Figaro l'UMP Michel Barnier. Le président de l'UMP, Jean-François Copé, lui a immédiatement apporté son soutien. "Ce serait un grand honneur pour la France d'avoir un Français à la tête de la Commission de la compétence de Michel Barnier", a-t-il déclaré sur i>TELE. A gauche, c'est Martin Schulz, l'actuel président allemand du Parlement européen, qui portera les couleurs des sociaux-démocrates européens, deuxième groupe par le nombre de ses députés à Strasbourg. Les libéraux choisiront pour leur part leur chef de file le 1er février. Sont en lice le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, le Finlandais Olli Rehn, et l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, président de l'Alliance des libéraux et des démocrates en Europe (Alde). Quant aux Verts, ils ont lancé leurs primaires via un vote en ligne qui devra départager quatre candidats, dont le Français José Bové - résultats attendus le 28 janvier. Mais personne n'imagine que les écologistes soient en mesure d'imposer leur futur candidat à la présidence de la Commission. UNE INTERPRÉTATION CONTESTÉE Les dirigeants du Parlement sont convenus que le chef de file du parti arrivé en tête des élections européennes du 25 mai devrait être nommé à la présidence de la Commission. Ce serait une première, en vertu du traité de Lisbonne qui a renforcé les prérogatives du Parlement européen, devenu le colégislateur de l'UE sur un pied d'égalité avec le Conseil. Le traité dispose que le Parlement "élit le président de la Commission" et que le candidat à cette fonction est proposé par le Conseil en tenant compte du résultat des élections. L'interprétation des chefs de file des groupes politiques au Parlement de Strasbourg est cependant contestée par des dirigeants européens. C'est le cas du gouvernement socialiste français actuel et, surtout, de la chancelière allemande. François Hollande s'est borné à rappeler mardi que les socialistes français soutenaient la candidature de Martin Schulz, sans prendre lui-même position. "Comme tous les chefs d'Etat et de gouvernement, je tiendrai compte du résultat des élections", a ajouté le président français lors d'une conférence de presse. Selon des sources politiques, Angel Merkel pourrait pour sa part préférer un Premier ministre actuellement en exercice, comme l'Irlandais Enda Kenny, le Polonais Donald Tusk ou le Finlandais Jyrki Katainen. D'autres rumeurs font état d'une préférence de la chancelière pour la patronne du Fonds monétaire international, l'ancienne ministre française de l'Economie, Christine Lagarde. Faute de quoi, elle pourrait se rabattre sur Jean-Claude Juncker, estime un responsable du PPE. "Juncker est le meilleur candidat pour Merkel" qui, au départ, "ne voulait pas que le PPE ait un candidat", explique-t-il. Quant à Martin Schulz, Angela Merkel pourrait en faire le candidat de Berlin pour le poste clef de Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune, à la place de la Britannique Catherine Ashton. UNE "GRANDE COALITION" ? Selon le même responsable du PPE, c'est le Premier ministre britannique, David Cameron, qui posera le plus de problèmes car "il n'acceptera ni Juncker, ni Schulz". Ces réticences n'empêchent pas Michel Barnier d'avoir commencé à faire discrètement campagne depuis des mois, avant même d'être officiellement candidat à la candidature. Interrogé par Le Figaro sur ses priorités pour l'Europe, le commissaire français souligne que les cinq dernières années ont été dédiées à la gestion de la crise financière et qu'une nouvelle impulsion doit être donnée par la Commission. "Les cinq ans qui viennent doivent permettre à l'Europe de reprendre l'initiative : stratégie industrielle, politique d'infrastructures, marché unique, sécurité, immigration. Voilà les domaines où la Commission doit dégager l'intérêt général européen pour être une force d'impulsion", explique-t-il. La clé de la composition de la future Commission, qui donnera lieu à d'âpres marchandages entre les 28 Etats de l'UE et doit entrer en fonction à l'automne prochain, réside d'abord dans le résultat des élections de mai. Or, les analystes prédisent une percée des extrêmes et autres eurosceptiques qui risque d'affaiblir la droite classique, traditionnellement majoritaire à Strasbourg. "Avec tous les populistes qui vont entrer au Parlement, il faudra la 'grosse koalition' PPE-SPD" sur le modèle allemand, souligne le responsable du PPE. Emmanuel Jarry, Marion Douet et Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse