La BCE confrontée à un nouveau recul du crédit en zone euro

La diminution des prêts aux entreprises et aux ménages qui s'est accélérée en octobre au sein de la zone euro accentue la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) en faveur de nouvelles initiatives pour conforter une reprise fragile. /Photo d'archives/REUTERS/Alex Domanski

par Sakari Suoninen et Paul Carrel

FRANCFORT (Reuters) - La diminution des prêts aux entreprises et aux ménages qui s'est accélérée en octobre au sein de la zone euro accentue la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) en faveur de nouvelles initiatives pour conforter une reprise fragile.

La BCE a réduit d'un quart de point à 0,25% son taux de refinancement ce mois-ci mais les effets de sa politique monétaire ne se font pas sentir avec la même intensité partout dans la zone euro.

Les données de la banque centrale publiées jeudi ont révélé une baisse annuelle de 2,1% du crédit au secteur privé en octobre, égalant la plus forte contraction jamais enregistrée, alors que le consensus Reuters la limitait à 1,8%.

Quant à la croissance de l'agrégat de masse monétaire M3, elle a reflué au rythme annuel de 1,4% après 2,0% en septembre et 1,9% attendu par les économistes interrogés par Reuters.

"Même si la BCE vient de réduire son taux refi, la pression va s'accumuler pour qu'elle en fasse davantage, surtout dans un contexte de vacillement de l'offre de crédit", dit Peter Vanden Houte, économiste d'ING.

Ce dernier ne croit pas en une nouvelle et proche baisse des taux mais il n'exclut pas de nouvelles mesures de stimulation du crédit lors de sa prochaine réunion de politique monétaire début décembre.

Une nouvelle allocation de fonds à long terme type LTRO sous condition de prêter à l'économie réelle, à l'instar du programme de financement pour le crédit (funding for lending) mis en place par la Banque d'Angleterre, pourrait être l'une de ces mesures.

L'éventualité était évoquée dans un article du Süddeutsche Zeitung paru mercredi.

Mais le vice-président de la BCE Vitor Constancio a toutefois paru l'exclure lorsqu'il a dit à Reuters le même jour que les banques ne subissaient pas la même pression que lorsque les LTRO ont été mis en oeuvre fin 2011 et début 2012, injectant plus de 1.000 milliards d'euros dans le système bancaire.

"Les banques ont amélioré leurs positions de liquidité et la pression n'est pas la même qu'avant", a-t-il déclaré.

Avec une inflation annuelle de 0,7% dans la zone euro, bien inférieure à l'objectif à moyen terme de la BCE qui est d'un peu moins de 2%, certains de ses responsables se sont dit ouverts ces derniers jours à de nouvelles initiatives pour soutenir la croissance.

Mais face à eux se dresse au sein même de l'établissement une minorité rigoriste qui tient à souligner les limites de la politique monétaire. "Les possibilités d'action sont limitées", a ainsi déclaré Yves Mersch, membre du directoire de la BCE, mardi.

Une enquête Reuters auprès d'intervenants du marché monétaire faite ce mois-ci montrait que ces derniers jugeaient qu'un nouveau LTRO pourrait intervenir au premier trimestre 2014.

Une enquête auprès d'économistes un peu plus récente publiée mercredi montrait en revanche qu'elle ne recourrait pas à un assouplissement quantitatif du type de celui exercé par la Réserve fédérale et ne songeait pas non plus à abaisser le coefficient des réserves obligatoires.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny