Offensive de l'armée irakienne dans la province d'Anbar

par Suadad al-Salhy BAGDAD (Reuters) - L'armée irakienne, qui tente de reprendre le contrôle de la province d'Anbar tombée en partie aux mains d'islamistes et de certaines tribus sunnites, affrontait samedi des combattants d'Al Qaïda à Ramadi, après avoir bombardé durant la nuit l'autre grande ville de la région, Falloudja. A Falloudja, tenue depuis lundi par des djihadistes alliés à des combattants tribaux hostiles au gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al Maliki, les combats ont fait au moins huit morts et une trentaine de blessés. L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), l'un des groupes islamiques les plus radicaux engagés dans la guerre contre le président Bachar al Assad en Syrie, a accentué ces derniers mois son influence dans la province d'Anbar, dans l'ouest de l'Irak, poursuivant son grand projet de création d'un vaste Etat sunnite dans la région. A Falloudja, l'EIIL a reçu l'appui de certaines milices locales et contrôle le nord et l'est de la ville. Des tireurs embusqués ont pris position sur les toits d'immeubles et de bâtiments administratifs, ont rapporté des témoins. L'armée irakienne affirme contrôler les entrées de la ville. A Ramadi, au contraire, des miliciens tribaux se sont alliés à l'armée irakienne pour combattre les hommes d'Al Qaïda. Des unités spéciales antiterroristes combattaient samedi les djihadistes dans les rues, alors que l'armée était restée jusqu'ici cantonnée dans les faubourgs de la ville. Le chef d'une milice sunnite locale, le cheikh Rafe'a Abdoulkarim Albou Fahad, a précisé avoir demandé l'aide des militaires pour chasser les combattants islamistes de Ramadi. "Nous demandons aux habitants de Ramadi et de Falloudja de s'éloigner le plus possible des positions des insurgés que nous allons frapper dans les prochaines heures", a déclaré Samir al Chouiali, conseiller presse du chef des unités antiterroristes. Il a précisé que l'armée avait limité jusqu'ici ses frappes pour éviter de toucher la population civile. Selon lui, 18 combattants de l'EIIL ont été tués depuis vendredi soir à Ramadi et à Falloudja. Le Croissant-Rouge irakien a envoyé des convois de ravitaillement vers les deux villes mais ceux-ci ont été stoppés par les combats. La tension s'est accrue dans la province d'Anbar, qui fut le berceau de l'insurrection contre l'intervention armée américaine de 2003, depuis que la police a démantelé lundi un camp de manifestants sunnites. Au moins 13 personnes ont été tuées lors de cette opération. Les sunnites, minoritaires en Irak, dominaient le pays du temps du président Saddam Hussein, leur coreligionnaire. Ils reprochent au gouvernement Maliki de les considérer comme des citoyens de seconde zone. Avec Kamal Namaa; Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français