Mobilisation contre les nouveaux rythmes scolaires

Plusieurs milliers d'enseignants du primaire ont fait grève et manifesté jeudi, ici à Paris, pour protester contre la réforme des rythmes scolaires à l'heure où une majorité de Français estiment que cette promesse de campagne de François Hollande doit être abandonnée. /Photo prise le 14 novembre 2013/REUTERS/Benoît Tessier

PARIS (Reuters) - Plusieurs milliers d'enseignants du primaire ont fait grève et manifesté jeudi pour protester contre la réforme des rythmes scolaires à l'heure où une majorité de Français estiment que cette promesse de campagne de François Hollande doit être abandonnée. Selon le ministère de l'Education, 23% des enseignants en France, 41% à Paris, ont répondu à l'appel de plusieurs syndicats. Le SNUipp-FSU Paris prévoyait 70% de grévistes et plus de 150 écoles fermées dans la capitale. Un rassemblement a été organisé à la mi-journée devant la mairie de Paris. Des mouvements de grève étaient prévus dans d'autres grandes villes, comme Lyon, Lille ou Marseille. Le Premier ministre a reconnu devant le Sénat que la "nécessaire" refondation de l'école n'était pas oeuvre facile mais a réaffirmé que le gouvernement persévèrerait "pour permettre la réussite de tous les enfants". "Il y a des conservatismes, il y a des rigidités, il y a des corporatismes, nous le savons. Et en même temps, nous avons un gouvernement qui accepte le dialogue, qui n'hésite pas à négocier, à modifier, mais qui ne doit pas perdre le cap, celui du redressement de la France", a dit Jean-Marc Ayrault. La fronde contre la réforme, qui est entrée en vigueur dans 4.000 communes en septembre, a pris de l'ampleur cette semaine avec l'annonce de plusieurs dizaines de maires, pour la plupart de droite ou sans étiquette, de leur intention de boycotter l'application "en l'état" de la réforme en 2014. Les élus dénoncent un manque de financement pour cette réforme qui signe le retour de la semaine de 4,5 jours supprimée par la droite en 2008. Ils entendent mettre la pression sur le gouvernement avant le congrès des maires qui se tiendra la semaine prochaine à Paris. Leur initiative a suscité la colère du ministre de l'Education Vincent Peillon qui a dénoncé mercredi une forme de "délinquance civique" et appelé les élus à reprendre leurs esprits. "À CÔTÉ DE LA PLAQUE" Jeudi, c'est l'ancien ministre de l'Education François Bayrou qui s'est livré à une attaque en règle de la réforme. "Cette réforme, elle ne sera pas mise en place à la rentrée de 2014, en tout cas pas comme elle est prévue", a-t-il déclaré, sur France Inter. "Le problème du pays dans l'Education, ce n'est pas les rythmes scolaires, c'est que les jeunes Français n'apprennent pas à lire." "Si vous croyez qu'aller faire (...) un atelier de jeu de cartes un heure et demie le mardi ou fabriquer des scoubidous comme dans une école de Pau une heure et demie le vendredi après-midi ça va apprendre aux jeunes Français à lire, c'est complètement à côté de la plaque", a souligné le co-président de l'Alternative (centre). La réforme des rythmes scolaires raccourcit les journées de 45 minutes et prévoit une demi-journée travaillée supplémentaire (le mercredi ou sur dérogation le samedi). Le texte prévoit en outre des activités culturelles ou sportives gérées par les communes. La réforme "va créer des inégalités entre les grandes communes qui auront les moyens de mettre en place des activités, et les petites qui ne les auront pas et feront de la garderie", estime Anaïs, 30 ans, qui enseigne dans un village de l'Ain et manifestait jeudi à Lyon où se sont rassemblées 1.700 personnes selon la police, 3.000 selon les syndicats. Le principal syndicat des enseignants du primaire, le SNUipp-FSU, demande l'assouplissement du décret sur les rythmes scolaires tandis que FO, SUD et la CGT réclament son abrogation. Plus d'un Français sur deux (54%) souhaite l'abandon de cette réforme, selon un sondage CSA pour BFM TV publié jeudi. Vingt-deux pour cent des personnes interrogées se prononcent pour son maintien et sa généralisation à la rentrée 2014 et 24% en faveur d'un délai supplémentaire pour son application. Marine Pennetier, avec Catherine Lagrange à Lyon, édité par Sophie Louet