Israël redoute une rencontre Obama-Rohani

JERUSALEM (Reuters) - La perspective d'une rencontre entre Barack Obama et le président iranien Hassan Rohani en marge de l'assemblée générale des Nations unies inquiète les autorités israéliennes qui voient dans "l'offensive de charme" de Téhéran une ruse. Dans les semaines qui ont précédé le rendez-vous annuel de la diplomatie à New York, la république islamique a multiplié les signes d'un possible dégel des négociations sur son programme nucléaire. Au point qu'on n'exclut plus au sein de l'administration américaine la possibilité d'une rencontre entre les présidents de deux pays qui n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis la longue prise d'otages à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran à partir de fin 1979. Les deux présidents doivent s'exprimer ce mardi à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies. Interrogé sur la possibilité d'une poignée de main entre Obama et Rohani, Yuval Steinitz, ministre des Affaires stratégiques représentant Israël à l'assemblée générale des Nations unies, a répondu: "Je ne l'espère pas. Je ne sais pas." "Mais, a-t-il ajouté mardi au micro de la radio militaire israélienne, ce qui importe vraiment, ce ne sont pas simplement les mots ou les apparences, ce qui compte, ce sont les actes, les résolutions." Israël, qui voit dans le programme nucléaire iranien une menace contre son existence, estime que Téhéran n'est plus qu'à quelques mois de se doter de l'arme atomique. L'Iran affirme pour sa part que son programme nucléaire n'a aucune visée militaire et qu'il ne porte que sur la maîtrise des usages civils de l'atome. "J'espère vraiment que le monde entier, et en premier lieu les Etats-Unis, diront 'Ok, c'est bien de voir des sourires, d'entendre ce nouveau discours, mais tant que vous ne changerez pas de conduite, tant que vous ne ferez pas de véritables concessions sur votre projet nucléaire, les sanctions économiques seront maintenues et si nécessaire doublées d'une menace militaire'", a ajouté Yuval Steinitz. "ROHANI VEUT LEURRER LE MONDE" Washington souligne que sa détermination à empêcher les Iraniens d'accéder à l'arme atomique reste entière. Mais la politique d'engagement, exposée par Barack Obama dès le début de son premier mandat, en 2009, complique la stratégie du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dont le discours à l'assemblée générale de l'Onu est programmé pour le 1er octobre. La veille, le chef du gouvernement israélien aura été reçu par Obama à la Maison blanche. L'an passé, à la même tribune et schéma à l'appui, Netanyahu avait fixé une "ligne rouge" dans l'enrichissement d'uranium en Iran au-delà de laquelle l'armée israélienne interviendrait. La semaine dernière, Yuval Steinitz a estimé qu'au rythme actuel de développement, l'Iran pourrait fabriquer une bombe atomique dans un délai de six mois. "Il n'y a plus de temps" pour des négociations nucléaires, déclarait-il au quotidien Israel Hayom. Aujourd'hui, avec un nouveau cycle de discussions en préparation, Steinitz réaffirme la position d'Israël, qui soutient une solution diplomatique gelant effectivement le programme nucléaire iranien. Mais cette perspective, ajoute-t-il, est improbable. "Nous mettons en garde la communauté internationale tout entière contre le fait que l'Iran souhaite peut-être un accord mais que cela risque d'être un accord de Munich", a-t-il dit en référence aux accords signés en 1938 entre l'Allemagne nazie, l'Italie mussolinienne, la France et la Grande-Bretagne. "Rohani veut leurrer le monde, et certains dans le monde veulent être leurrés: aussi le rôle de notre petit Etat d'Israël est-il d'expliquer la vérité et de se tenir prêt. C'est ce que nous faisons au mieux de nos possibilités. C'est une longue lutte." Dan Williams; Henri-Pierre André pour le service français