François Hollande présente sa stratégie de réindustrialisation

François Hollande a présenté jeudi à l'Elysée un vaste plan de réindustrialisation de la France grâce au développement sur dix ans de 34 filières prioritaires où l'Etat stratège entend laisser la part du lion à l'initiative privée. /Photo prise le 12 septembre 2013/REUTERS/Charles Platiau

par Julien Ponthus PARIS (Reuters) - François Hollande a lancé jeudi un vaste plan de réindustrialisation de la France grâce au développement sur dix ans de 34 filières prioritaires où l'Etat stratège entend laisser la part du lion à l'initiative privée. De l'avion électrique au TGV du futur en passant par des voitures consommant moins de deux litres aux 100 km, le chef de l'Etat a décrété un "branle-bas de combat national" pour recréer les 750.000 emplois industriels perdus ces dix dernières années. Il vise notamment à accélérer la transition énergétique et à faire rattraper aux usines françaises leur retard sur leurs concurrentes européennes dans le domaine de la robotique, une technologie jugée essentielle pour maintenir la compétitivité. Ce plan prévoit ainsi une nouvelle entreprise pilotée par Airbus pour faire voler un avion électrique en 2017 et un partenariat entre Renault et le groupe Bolloré sur la voiture électrique. Lassé d'endosser le rôle de pompier des usines menacées, l'exécutif veut passer à "l'offensive" en mobilisant les industriels autour de projets innovants, comme les nouvelles générations de dirigeables, sans jouer le rôle de chef de file. "Il ne s'agit plus de revenir aux grands plans des années soixante ou soixante-dix où l'Etat était à la fois l'inventeur, le prescripteur, le producteur et le client final, ce temps-là est terminé", a déclaré François Hollande lors d'une allocution à l'Elysée, transformé en hall d'exposition de la "nouvelle France industrielle" qu'il appelle de ses voeux. UNE POLITIQUE "FRANÇAISE ET PRAGMATIQUE" Entre un robot humanoïde et une plate-forme d'impression en trois dimensions, François Hollande et le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, ont dessiné une politique qui rappelle plus celle du ministère de l'Economie japonais (MITI) que le plan Calcul du général de Gaulle. "L'Etat n'a pas à se substituer à l'initiative privée car ce sont les industriels qui connaissent les marchés (...) mais à l'Etat, il lui revient de désigner un cadre, d'accompagner, de stimuler", a dit le président devant un parterre d'industriels. "Chaque plan sera animé par un chef de projet issu du monde industriel", a promis François Hollande, qui a revendiqué une philosophie économique à l'image du "socialisme de l'offre" qu'il défend pour vendre des produits compétitifs et innovants. La politique industrielle française "n'est ni libérale, ni dirigiste, elle ne se veut ni rhénane, ni anglo-saxonne, elle est française et pragmatique", a-t-il poursuivi, promettant que l'Etat jouerait son rôle de stratège. François Hollande a promis un cadre fiscal et réglementaire adapté et la mobilisation de moyens via la nouvelle Banque publique d'investissement ou le Programme des investissements d'avenir, dont 3,5 milliards d'euros seront disponibles. François Hollande et Arnaud Montebourg ont aussi tenté avec cette nouvelle stratégie industrielle de faire oublier leurs désaccords passés sur la rigueur budgétaire ou le sauvetage manqué des hauts-fourneaux de Florange que le chantre de la "démondialisation" voulait nationaliser. Arnaud Montebourg a ainsi vanté la philosophie de partenariat public-privé mise en avant par son ministère, affirmant que l'originalité des 34 plans tenait à ce qu'ils n'étaient ni ceux "du gouvernement ni même de l'Etat". "Ils conjuguent action publique et initiative privée, financement public, investissement privé, recherche publique, recherche-développement privée, vision collective et entreprise privée", a expliqué ce représentant de l'aile gauche du PS. Le gouvernement espère que ce plan pour l'industrie permettra la création de 475.000 en 10 ans, avait dit le ministre du Redressement productif un peu plus tôt sur Europe 1. Edité par Yves Clarisse