Hollande et Merkel tentent d'éteindre l'incendie du scandale NSA

A l'issue du sommet européen, François Hollande et Angela Merkel ont tenté vendredi de désamorcer la crise provoquée par les accusations d'espionnage des services américains en Europe en proposant de bâtir une nouvelle relation de confiance avec les Etats-Unis. /Photo d'archives/REUTERS/Kacper Pempel

par Julien Ponthus BRUXELLES (Reuters) - François Hollande et Angela Merkel ont tenté vendredi de désamorcer la crise provoquée par les accusations d'espionnage des services américains en Europe en proposant de bâtir une nouvelle relation de confiance avec les Etats-Unis. L'initiative franco-allemande vise à définir d'ici à la fin de l'année un code de bonne conduite et de coopération entre les services de renseignement américains et ceux des pays européens qui rejoindront cette démarche. "Connaître le passé, fixer un cadre de relations pour l'avenir et en terminer avec les mécanismes de surveillance qui ne sont pas maîtrisés", a résumé lors d'une conférence de presse le président français. Cette initiative intervient au moment où la multiplication des accusations visant la National Security Agency (NSA), y compris sur le téléphone portable d'Angela Merkel selon les autorités allemandes, tournent à la crise diplomatique. Cette nouvelle ère de coopération sera mise à l'épreuve dès lundi avec la visite d'une délégation d'élus du Parlement européen à Washington pour recueillir des éclaircissements sur les allégations d'espionnage. Les dirigeants de l'Union européenne s'étaient relayés jeudi durant la première journée du sommet pour condamner les pratiques de leur allié américain. Ils ont voulu adopter un ton plus apaisé vendredi. "La chose essentielle que nous avons approuvée, c'est de regarder vers l'avenir et d'essayer d'éviter ce genre de situation dans le futur", a déclaré l'actuelle présidente du Conseil des ministres, la Lituanienne Dalia Grybauskaite. "RÉSOUDRE LES PROBLÈMES" Si le Conseil européen n'a officiellement que "pris note" de l'initiative franco-allemande, certains dirigeants, comme le Premier ministre belge Elio Di Rupo, ont dit qu'ils participeraient au dialogue avec les Etats-Unis. "Il ne s'agit pas de créer plus de problèmes qu'il n'en existe mais de résoudre les problèmes", a expliqué le dirigeant socialiste interrogé sur la position des défenseurs d'une ligne plus dure envers le gouvernement américain. "Il ne s'agit pas de faire monter la pression inutilement", a-t-il déclaré face à ceux qui protestent contre la présumée timidité de l'Union européenne. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, est quant à lui partisan d'"une pause" dans les négociations sur un accord de libre-échange entre l'UE et les Etats-Unis en cas d'espionnage avéré. D'autres parlementaires européens ont jugé vendredi l'initiative franco-allemande insuffisante et pourraient faire remonter la tension à la faveur de nouvelles révélations. François Hollande a prévenu que le filon était loin d'être épuisé au vu de la masse de documents en possession de l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden. La France, a-t-il dit, a ainsi "plusieurs pistes" pour les responsables de l'attaque informatique qui a visé l'Elysée en mai 2012, entre les deux tours de l'élection présidentielle. Le Monde a publié vendredi un document émanant de la NSA qui fixe les grandes lignes de ce que l'agence devait dire aux deux hauts responsables français qui lui ont rendu visite le 12 avril dernier pour lui demander des explications. Ce document dit que la France soupçonne la NSA d'être responsable de l'attaque, ce que l'agence réfute. Mais les Etats-Unis ont "volontairement évité de demander" aux services israéliens s'ils étaient mêlés à cet épisode d'espionnage, poursuit le document, introduisant un doute sur l'éventuelle responsabilité d'Israël. "Le Monde évoque à partir des documents qui sont à sa disposition plusieurs pistes", a dit vendredi François Hollande. "Nous aussi, nous avons plusieurs pistes." Avec Charlie Dunmore, édité par Yves Clarisse