Grande manifestation des ouvriers du textile au Bangladesh

DACCA (Reuters) - Quelque 50.000 employés de l'industrie textile bangladaise ont organisé samedi à Dacca leur plus importante manifestation pour réclamer une augmentation d'une fois et demie du salaire minimal. "Nous sommes le dos au mur et nous n'avons pas d'autre choix que d'élever fortement notre voix", a dit Nazma Akter, président de la Fédération unifiée des ouvriers du textile qui regroupe 52 associations d'employés de ce secteur. "Nous n'hésiterons pas à faire ce qu'il faut pour satisfaire nos demandes", a-t-il ajouté. L'industrie textile du Bangladesh représente 20 milliards de dollars à l'exportation et emploie environ quatre millions de personnes qui touchent un salaire mensuel de 3.000 takas (38 dollars). Cela représente environ la moitié du salaire moyen d'un ouvrier textile au Cambodge, autre pays de sous-traitance pour les industriels occidentaux du vêtement. Les employés bangladais du textile réclament une réévaluation de leurs salaires à 8.000 takas (103 dollars) par mois. Les patrons de l'industrie textile ont consenti une hausse de 20% des salaires, mais cette proposition a été refusée par les syndicats qui l'ont jugée "inhumaine et humiliante". "Il s'agit de la plus grande manifestation de ce genre pour demander des hausses de salaire", a commenté Habibur Rahman, chef de la police métropolitaine de Dacca. La manifestation a duré quatre heures. Quelque 300 usines de la zone industrielle proche de la capitale ont cessé leur activité, les ouvriers quittant leur poste de travail pour soutenir le mouvement tandis que certains bloquaient un axe de circulation et endommageaient des voitures. Le gouvernement bangladais est en négociation avec les organisations syndicales et les représentants du patronat pour fixer un salaire minimal. De précédentes négociations avaient conduit à un doublement des salaires les plus bas pratiqués dans le secteur à la fin de 2010. Les conditions de travail des employés du textile au Bangladesh avaient été brusquement mises en lumière après l'effondrement le 4 avril d'un immeuble abritant des ateliers de confection, dans lequel plus d'un millier de personnes avaient péri. Serajul Quadir; Pierre Sérisier pour le service français, édité par Danielle Rouquié