Le fils mots dits

Le fils mots dits

Il a le regard cerné et les traits chiffon du voyageur après quinze heures d’avion. Mais il a autre chose : la pupille qui brûle d’attente, les phrases qui se bousculent, la joie forte et inquiète. Laurent de Villiers vient d’atterrir en France. Son pays, qu’il a à peine revu depuis ses cinq années d’exil au Nebraska. Le pays où vivent son père, sa mère, ses six frères et sœurs. Mais Laurent de Villiers, 27 ans, n’a plus de père, plus de mère, plus de frères et sœurs. Il n’a plus d’enfance, plus de «racines». Il n’a qu’un livre, qu’il est venu présenter, qui sort aujourd’hui. Il semblait pourtant fortement doté en parenté. Un père, Philippe de Villiers, fondateur du parti de droite souverainiste Mouvement pour la France (MPF), qui martèle à longueur de discours que la famille est le plus beau des succès. Une mère, catholique ultrapratiquante, qui répète que seul compte le sang, que parents, frères, sœurs sont les seuls à aimer, que tout autre est étranger. Et des repas de famille, des messes en famille, des croisades pour la Vendée en famille, des meetings MPF en famille… En 2006, Laurent de Villiers a dit que dans ce cocon aux remparts de rosaires s’était logé l’inceste. Il a porté plainte pour viol contre son frère Guillaume, son aîné de six ans. Il avait à l’appui de son récit un nombre important d’éléments, beaucoup plus que d’ordinaire dans ce type d’affaires. En décembre 2010, après plusieurs rebondissements, la justice a décidé que ce n’était pas suffisant. Elle a prononcé un non-lieu. Il reste une ultime étape, un pourvoi en cassation qui, s’il était retenu, pourrait aboutir à un procès. Les statistiques de réussite de ce type de procédure sont néanmoins assez faibles. Le livre s’appelle Tais-toi et pardonne. Laurent explique que c’est la réponse de sa mère quand il lui a raconté «pour les viols», en 2000. «Elle m’a dit qu’elle savait déjà, que Guillaume lui avait parlé. Et qu’il fallait que je me purifie. J’étais souillé et il fallait éviter que je (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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