"Il faut traiter la folie avec ou sans le consentement du malade"

Faut-il obliger les fous à se soigner? Jean Naudin et Christophe Lançon, professeurs des universités et praticiens hospitaliers, et Samuel Bouloudnine, psychiatre des hôpitaux, livrent leur point de vue. "Il a perdu le sens commun": cette expression, qui peut s'appliquer à la schizophrénie, s'applique désormais à notre société. Le bon sens qui nous permet habituellement de vivre ensemble sans trop de heurts, en intégrant des normes sociales, nous fait défaut. Cette crise génère une grande solitude et s'illustre à travers la logique sécuritaire à l'oeuvre aujourd'hui. C'est dans ce contexte que se fait ressentir le besoin d'une loi nouvelle pour les soins sans consentement. Au coeur du problème, on trouve l'altération d"u discernement propre aux maladies mentales. Elle peut s'accompagner d'une toute-puissance et d'une conviction délirante absolue. Pour que la personne puisse en revenir, il n'y a pas d'autre solution que de la traiter, avec ou sans son consentement. Les personnes affectées par des troubles mentaux se sont organisées pour se faire entendre comme des citoyens parmi d'autres et pour que leur maladie ne soit pas pensée comme une incapacité à rejoindre la norme. Nous devons nous interroger aujourd'hui sur le fait que, dans le contexte sécuritaire qui est le nôtre, ce projet de loi a néanmoins obtenu l'assentiment des associations d'usagers. Nous pensons, comme elles, qu'un changement législatif est nécessaire et que, bien mené, il apportera à tous les citoyens davantage de protection et de justice. Les dispositions en vigueur posent de nombreux problèmes. Les soins ne peuvent être dispensés sans l'hospitalisation, devenue le passage obligé qui conditionne toute la prise en charge ultérieure. La décision est soumise à la toute puissance du préfet, du maire ou du médecin. Au nom du principe de précaution, on embastille au long cours, on refuse à tel patient étiqueté dangereux le moindre congé d'essai tandis qu'on prolonge indéfiniment (...) Lire la suite sur lexpress.fr

Les soins sous contrainte: "Une répression contre les malades"