En Egypte, la contestation à balles réelles

Un taxi incendié par des partisans des Frères musulmans lors des heurts du 25 janvier, dans un quartier populaire du Caire.

Les jeunes opposants sont de plus en plus nombreux à rejoindre des groupes armés et à revendiquer la violence contre le pouvoir en place au Caire.

Hassan et Ahmed n’avaient rien en commun sinon leur âge, 20 ans. Le premier est le fils d’un cadre de la confrérie des Frères musulmans. Un enfant de bonne famille, qui a déjà fait le tour du monde et a l’habitude de s’habiller à la mode. Ahmed, lui aussi, aime parcourir les boutiques. Cheveux gominés, pantalon slim, il lui arrive de faire une virée au centre commercial City Star du Caire avec ses copains.

La ressemblance s’arrêtait là. Ahmed a grandi dans l’un de ces quartiers populaires en brique rouge et ciment, le long de la rocade cairote. Contrairement à Hassan, il est de toutes les manifestations depuis 2011. Des bombes lacrymogènes trônent sur le buffet de son salon. «Des souvenirs», explique-t-il. Attaché à son indépendance, il assure n’avoir rejoint aucun groupe politique, «même pas les Frères musulmans».

Mais depuis l’éviction du président islamiste Mohamed Morsi, en juillet 2013, il participe aux manifestations organisées dans le quartier voisin de Matareya, l’un des principaux foyers de contestation de la capitale. Ce quartier populaire a une nouvelle fois été le théâtre d’affrontements meurtriers entre les forces de l’ordre et les manifestants, le 25 janvier. Ce jour-là, quatre ans pile après la révolution, une dizaine de participants ont péri. Parmi eux, Adel. «Mon petit frère est mort à cause d’une "erreur", raconte Ahmed, ému. C’est le rapport de la police qui le dit. Je l’ai vu tomber mais lui, il ne me voyait pas.»

«Ordinaires». Deux semaines plus tard, Ahmed nous reçoit dans l’appartement familial et détaille les circonstances de la mort de son frère. Il n’omet rien. Ni le lieu exact où Adel s’est effondré ni la cellule de prison où lui-même a été retenu durant quelques heures. Aujourd’hui, il continue à manifester avec des «copains du quartier». Sous le regard inquiet de sa mère, enveloppée (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Repères
«Ces groupuscules n’ont ni organisation ni stratégie»
L’archipel du Vanuatu plongé dans la désolation
L’euro-drachme, ballon d’oxygène pour la Grèce
Nétanyahou dans la dernière ligne ultra droite