Doutes

Mais qui est réellement le général Abdel Fattah al-Sissi ? De la réponse à cette question dépend l’avenir d’un pays central sur la carte proche-orientale. Al-Sissi est le nouvel homme fort de l’Egypte, la chose est entendue. Si l’on en doutait encore, il suffit d’être attentif à ces mots, assénés devant les principaux chefs de l’armée et de la police, hier, les premiers depuis le bain de sang de mercredi : «Nous ne plierons pas.» Une façon de montrer au pays, mais aussi à la communauté internationale, que c’est lui, et bien lui, qui a la main. A la grande surprise des Occidentaux, une bonne partie des Egyptiens, et notamment des libéraux, s’en félicitent. «L’effritement de l’Etat, que les Frères musulmans ont grandement aggravé du fait de leur politique sectaire, pro-islamiste et antinationale, est un énorme danger pour le pays. D’où le sentiment actuel d’une solidarité nécessaire entre le peuple et les appareils de l’Etat», nous écrivait hier l’un d’eux, louant l’initiative des «comités de quartier [désormais illégaux, nldr] qui permettront de contrer le monopole que le ministère de l’Intérieur voudrait reprendre dans la rue». Fort bien. Mais comment faire confiance à un homme qui a donné l’ordre d’ouvrir le feu sur des manifestants (provoquant la mort d’au moins 750 personnes en quatre jours) et qui encourage la télévision nationale à afficher en continu le logo «l’Egypte combat le terrorisme» ? Qui peut assurer que cet homme-là redonnera un jour le pouvoir aux civils ?

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