Des avocats de prisonniers de Guantanamo écrivent à Barack Obama

La prison de Guantanamo. Les avocats de cinq prisonniers de Guantanamo accusés d'avoir participé à la préparation des attentats du 11 septembre 2001 demandent à Barack Obama de déclassifier le programme de la CIA relatif aux techniques d'interrogatoire dans une lettre rendue publique vendredi. /Photo prise le 7 mars 2013/REUTERS/Bob Strong

FORT MEADE, Maryland (Reuters) - Les avocats de cinq prisonniers de Guantanamo accusés d'avoir participé à la préparation des attentats du 11 septembre 2001 demandent à Barack Obama de déclassifier le programme de la CIA relatif aux techniques d'interrogatoire dans une lettre rendue publique vendredi. Le programme "Reddition, détention et interrogation" (RDI) de la CIA a été autorisé sous le gouvernement du président George W. Bush après les attentats de 2001. Il autorise l'arrestation de personnes soupçonnées de liens avec Al Qaïda et leur transfert sans intervention judiciaire vers des prisons secrètes hors des Etats-Unis. Il autorise aussi les "techniques d'interrogatoire poussées", qui ont pu être qualifiées comme relevant de la torture, comme la privation de sommeil, l'exposition à des températures extrêmes et une méthode simulant la noyade appelée le "waterboarding". "Les restrictions autour du programme RDI ne font que faciliter la dissimulation des crimes de guerre commis par des agents de notre gouvernement", écrivent les avocats. Selon eux, une publication du programme montrera que les Etats-Unis ont violé la Convention internationale contre la torture, signée par le président Ronald Reagan en 1988 et ratifiée par le Sénat en 1994. Les avocats de la défense ont également fait part de leur requête cette semaine au cours d'audiences au tribunal des crimes de guerre à la base navale américaine de Guantanamo Bay à Cuba. L'audience de vendredi a été suivie par Reuters via un réseau de télévision intérieur à la base militaire de Fort Meade dans le Maryland. La lettre à Barack Obama a été signée par 14 avocats de la défense civils et militaires représentant les prisonniers inculpés pour avoir financé et entraîné les pirates de l'air qui ont précipité des avions contre les tours du World Trade Center à New York, contre le Pentagone à Washington et dans un champ de Pennsylvanie le 11 septembre 2001. Parmi les accusés figurent Khalid Sheikh Mohammed, l'instigateur revendiqué de ces opérations, qui a été soumis 183 fois au waterboarding lors de sa détention. "Très simplement, la classification du programme RDI supprime des preuves, supprime la vérité et au final supprimera toute véritable justice", lit-on dans la lettre des avocats. Barack Obama a interdit la poursuite du "waterboarding" et autres techniques d'interrogatoire poussées peu après sa prise de fonction en 2009, les qualifiant d'actes de torture. Contacté, le service de presse de la Maison blanche n'avait pas répondu vendredi soir. Tom Ramstack. Danielle Rouquié pour le service français