Des élus démocrates américains hostiles à l'accord avec l'Iran

WASHINGTON (Reuters) - Deux figures démocrates du Congrès américain ont pris position jeudi contre l'accord sur le programme nucléaire iranien, une mauvaise nouvelle pour le président Barack Obama qui tente d'obtenir l'aval des parlementaires pour pouvoir l'appliquer pleinement. L'hostilité de Chuck Schumer, sénateur influent de l'Etat de New York, et d'Eliot Engel, membre de la commission des affaires étrangères à la Chambre des représentants, pourrait ouvrir la voie à de nouvelles contestations de la part d'élus démocrates. L'accord conclu à Vienne entre l'Iran et les puissances du P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) prévoit un encadrement des activités nucléaires de la République islamique en échange d'une levée progressive des sanctions imposées à Téhéran. Mais ses détracteurs aux Etats-Unis, principalement l'opposition républicaine majoritaire au Congrès, reprochent aux négociateurs américains de ne pas avoir obtenu suffisamment de garanties pour empêcher l'Iran de développer une arme nucléaire. Selon le Nuclear Review Act promulgué en mai dernier, le Congrès a jusqu'au 17 septembre pour approuver ou rejeter l'accord. "Après un examen approfondi, une réflexion soigneuse et un examen de conscience, j'ai conclu que je devais m'opposer à l'accord et que je voterais 'oui' à la motion de désapprobation", a expliqué Chuck Schumer dans un long communiqué. Selon lui, la levée des sanctions est une bénédiction pour Téhéran, qui n'a de toute façon pas l'intention de renoncer à son programme nucléaire. "Mieux vaut maintenir les sanctions américaines, les renforcer et renforcer les sanctions imposées à d'autres pays et suivre encore le chemin jalonné d'embûches de la diplomatie", a-t-il justifié. CAMPAGNE Le sénateur démocrate a insisté sur le fait qu'il n'avait subi de pression, ni même l'influence d'aucun groupe. Numéro trois du groupe démocrate au Sénat, Chuck Schumer a précisé qu'il allait faire campagne auprès de ses confrères pour tenter de les rallier à son point de vue. Un collaborateur d'Eliot Engel a fait savoir qu'il allait lui aussi s'opposer à l'arrangement sur le nucléaire iranien, tout comme une poignée d'élus démocrates à la Chambre des représentants. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a exhorté les parlementaires américains à rejeter le texte de Vienne qui, d'après lui, constitue une menace pour la paix au Moyen-Orient en général, et pour la survie d'Israël en particulier. Dans l'espoir d'obtenir un rejet des parlementaires, des groupes pro-israéliens investissent par ailleurs des millions de dollars dans une campagne de communication. Les républicains ont déposé une résolution hostile au compromis de Vienne qu'ils devraient être en mesure de faire adopter. Il semble difficile en revanche qu'ils puissent mettre en échec le veto présidentiel qu'Obama a promis d'opposer à une motion de désapprobation. Il leur faudrait pour cela trouver une majorité qualifiée des deux tiers nécessitant de rallier les voix d'au moins 44 élus démocrates à la Chambre des représentants et 13 au Sénat. Plusieurs élus du parti présidentiel, au sein des deux chambres du Congrès, ont d'ores et déjà manifesté leur soutien à l'accord, à commencer par Nancy Pelosi, chef de file des démocrates à la Chambre des représentants. (Patricia Zengerle; Simon Carraud pour le service français)