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Une idée pernicieuse - très en vogue dans une partie des cercles dirigeants en France et ailleurs - voudrait que certains peuples soient moins aptes que d’autres à la démocratie. La liberté serait une invention occidentale, le «modèle asiatique» de gouvernement serait largement accepté en Chine, la tyrannie, au fond, conviendrait mieux à certaines civilisations étrangères à notre culture. Le mouvement «Occupy Central» démontre, s’il en était besoin, l’inanité de cette croyance, aux connotations condescendantes, pour ne pas dire racistes. En récupérant l’ancienne colonie britannique dans son aire de souveraineté, la Chine populaire avait promis qu’elle n’y exporterait pas ses méthodes brutales et répressives. C’est parce que cette promesse est remise en cause par les autorités chinoises que la jeunesse de Hongkong, après celles de Tunis, d’Ankara ou de Kiev, branchée comme les autres sur une culture mondiale de l’autonomie individuelle, s’est soudain révoltée, exigeant que les normes de l’Etat de droit, qui vont de soi sous nos latitudes, soient également respectées chez eux. C’est le discours des dictateurs et des marchands qui nie l’universalité des valeurs de liberté : la revendication d’autonomie menace les pouvoirs et dérange le cours des affaires. En Chine, elle inquiète la dictature du Parti, qui veut bien de la dureté du capitalisme sauvage mais refuse les libertés individuelles qui sont censées l’accompagner. Ce déséquilibre se manifeste aujourd’hui à Hongkong. Ce n’est qu’un début…



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