Chine : la grande pompe d’un Parlement décoratif

Les assemblées réunies ont religieusement écouté le Premier ministre, jeudi, à l’ouverture de leur session annuelle. Un rituel destiné à légitimer une démocratie de façade.

Régulièrement, un bruit de feuilles de papier qui s’envolent parcourt la vaste salle surmontée d’une grande étoile rouge : les 2 907 délégués présents, sur 2 964, passent à la page suivante en même temps. Durant une heure et demie, le Premier ministre, Li Keqiang, a lu le texte du rapport d’activité du gouvernement - sans une seule entorse au script distribué une demi-heure plus tôt - lors de l’ouverture de la session de l’Assemblée nationale populaire (ANP) qui se réunissait ce jeudi en séance plénière dans le Palais de l’Assemblée du peuple, à Pékin. Derrière lui, sur l’estrade, trônent les membres du comité permanent du Politburo, réunis autour du président Jinping. Quand le chef du gouvernement finit de traiter un sujet, il hausse la voix. Les délégués applaudissent, puis il lance un «camarades délégués», et reprend sa lecture, inébranlable.

Couleurs. Le rendez-vous des «deux assemblées» a toujours lieu début mars. D’une part, l’ANP et, d’autre part, la Conférence consultative politique du peuple chinois, sorte de Sénat décoratif de 2 237 membres, sans pouvoir de décision, qui regroupe des représentants des partis dits démocratiques alliés au Parti communiste, des leaders religieux, des représentants des minorités, des artistes et des notables.

Parfaitement huilé, ce rituel est une des rares occasions pour les journalistes d’approcher les cercles du pouvoir. A 8 heures, les cars se garent sur la place Tiananmen transformée en parking, entre le portrait du Grand Timonier et son mausolée. Généralement, le ciel est bleu, comme lors des Jeux olympiques ou du sommet de l’Apec. Les délégués gagnent le Palais du peuple à pied, ceux issus de minorités ethniques se repèrent à leurs costumes folkloriques aux couleurs chatoyantes - certains portent même des coiffes volumineuses. On reconnaît le patron du (...)

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