Carmat chute après le décès d'un patient doté de son coeur

PARIS (Reuters) - L'action Carmat chute en Bourse mercredi matin après une suspension de sa cotation la veille consécutive décidée après le décès dimanche du premier patient ayant bénéficié de son coeur artificiel.

La société a annoncé mardi soir qu'elle entendait poursuivre l'essai clinique du coeur artificiel, qui avait été implanté le 18 décembre chez un malade de 76 ans souffrait d'une insuffisance cardiaque terminale à l'hôpital européen Georges-Pompidou.

Après avoir chuté de 10% en ouverture, l'action Carmat cédait 5,37% à 89,90 euros vers 10h00, après avoir touché son plus bas niveau depuis le 30 décembre 2011 (85,50 euros), portant son recul à près de 23% depuis le début de l'année, avec une capitalisation d'environ 390 millions d'euros.

"Nous avons des patients qui sont en fin de vie, pour qui il n'y a pas d'autre option thérapeutique possible. Même si le décès de ce patient est une mauvaise nouvelle, l'objectif primaire de la survie à 30 jours a été atteint", souligne Arnaud Guérin, analyste de la société de Bourse Portzamparc.

"Carmat a tout de suite été valorisé comme si l’étude clinique devait bien se passer et le marquage Commission européenne obtenu. Or rien ne permet de préjuger aujourd’hui de l’issue des essais cliniques dans un sens ou dans un autre", observe-t-il, jugeant cette correction en Bourse aussi peu rationnelle que la montée du titre avant le démarrage de l’étude clinique.

Carmat a reçu en septembre dernier le feu vert des autorités françaises pour réaliser les premières implantations de son coeur artificiel sur quatre patients en France.

Mis au point par le chirurgien français Alain Carpentier, ce coeur artificiel reproduit le fonctionnement du coeur naturel. Il est destiné à des malades souffrant d'une insuffisance cardiaque à un stade terminal et dont l'espérance de vie est très courte.

Carmat a indiqué en novembre qu'il devrait avoir terminé avant la fin 2014 les essais cliniques sur l'homme, ce qui permettrait ensuite une commercialisation de ce coeur artificiel en Europe.

La première phase des tests, qui doit durer un mois à compter de l'implantation du quatrième malade, portera avant tout sur la sécurité de la prothèse.

Au cours d'une seconde phase se déroulant sur six mois et visant à mesurer son efficacité, Carmat élargira ses tests à 20 malades tout en augmentant le nombre des centres d'implantation en France et à l'étranger.

En fin d'année dernière, il était considéré qu'entre 100.000 et 120.000 malades pourraient potentiellement bénéficier de la technologie de Carmat en Amérique du Nord et en Europe, pour un marché mondial évalué à environ 16 milliards d'euros.

Le prix de ce coeur artificiel de quelque 900 grammes a été estimé par les analystes entre 140.000 et 180.000 euros alors qu'une transplantation classique coûte 250.000 euros en France et presque un million de dollars aux Etats-Unis, selon des chiffres communiqués par Carmat.

(Cyril Altmeyer et Natalie Huet, édité par Jean-Michel Bélot)