DSK, le mensonge du début

DSK s'est retrouvé en prison parce que la police lui a menti ! Elle lui a menti en faisant croire qu'on avait retrouvé son BlackBerry, et c'est un mensonge déterminant dans cette affaire.

Le 14 mai dernier, DSK a perdu son BlackBerry. Il s'en aperçoit vers 14 h15, alors qu'il monte dans le taxi pour l'aéroport. Avec un autre téléphone, il appelle sa fille pour lui demander de retourner au restaurant où ils viennent de déjeuner ensemble, vérifier si le téléphone n'y est pas. Elle y retourne, cherche quelques minutes sous l'œil des caméras de surveillance qui enregistrent la scène, avant de prévenir par SMS qu'elle ne l'a pas trouvé.

À 15 h29, DSK est toujours dans le taxi. Il appelle alors le Sofitel pour signaler qu'il a oublié son téléphone dans la chambre 2806. On lui demande de laisser un numéro sur lequel on puisse le joindre, le temps d'aller vérifier. Une demi-heure plus tard, un employé du Sofitel rappelle DSK pour lui annoncer qu'on vient de retrouver son BlackBerry. C'est un mensonge. Le mensonge du début.

Si l'employé ment à DSK, c'est que la police lui a demandé de le faire. Un policier surveille d'ailleurs leur conversation. À l'autre bout du fil, DSK ne ment pas. Il indique sans se méfier qu'il est à l'aéroport JFK, terminal Air France, porte 4, vol 23.
Dès lors, le BlackBerry perdu va passer au second plan. Mais voilà que l'enquête d'Edward Epstein publié dans la New York Review of Books relance la question.

Comment le BlackBerry a-t-il disparu ?

Trois journalistes posent la question dans Le Monde du 30 novembre 2011. Dans leur article, elles nous livrent la réponse de William Taylor, l'avocat de DSK : « On ne sait pas où ce téléphone a été égaré, dans l'hôtel, dans le taxi, ou s'il est tombé. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il a été déconnecté à 12h51 et que ce n'est pas DSK qui l'a fait »

Or, dans son enquête, Edward Epstein apporte d'autres éléments. Selon lui, les données fournies par la société BlackBerry prouvent que l'appareil a été désactivé à 12h51. Et il ajoute un peu plus loin : « Selon une information électronique dont les enquêteurs disposent depuis novembre 2011, il semble que le téléphone n'ait jamais quitté le Sofitel. »

Sachant qu'à 12h54, filmé par les caméras de surveillance, DSK entre au restaurant McCormick & Schmick's sur la Sixième Avenue, on en déduit qu'il a quitté l'hôtel sans son téléphone. Mais alors, qui a désactivé son BlackBerry oublié à l'hôtel ?

En lisant l'article d'Epstein, une piste apparaît de manière évidente. Il affirme que Brian Yearwood, ingénieur en chef du Sofitel, entre dans la suite 2806 à 12h51. C'est en tout cas l'heure enregistrée sur la carte magnétique personnelle qui lui a permis d'entrer dans la chambre. Dès lors, le rapprochement paraît évident. Si DSK a oublié son téléphone à l'hôtel, c'est sans doute dans sa chambre. N'est-il pas troublant que son téléphone ait été désactivé à la minute même ou Brian Yearwood entrait dans la pièce ?

Comment ça, qui est Brian Yearwood ? Mais c'est le gars qui danse dans le couloir deux minutes après que le chef de la sécurité a appelé la police !
Faudrait lui demander s'il n'a pas le souvenir d'avoir vu traîner un BlackBerry dans la suite 2806. DSK aimerait bien le récupérer pour voir si l'appareil n'était pas piraté.
Après tout, pourquoi pas ? Au début du mois de novembre, Libération et Le Point ont publié des SMS coquins envoyés par DSK. Pauvre DSK ! Quand des textos envoyés il y a deux ans sur votre téléphone perso se retrouvent publiés dans la presse internationale, il y a de quoi devenir parano.

Mais comme disait Roland Topor, même les paranoïaques ont de vrais ennemis.