«Big Bang» 2.0, data en expansion

«Hello World !» de Christopher Baker

A Barcelone, le Centre de culture contemporaine scrute de manière pédagogique la place des données dans nos sociétés.

«De l’aube de la civilisation jusqu’à 2003, l’humanité a généré 5 exabytes de données. Désormais nous en produisons 5 exabytes tous les deux jours - et depuis, le rythme n’a fait qu’accélérer», déclarait le directeur de Google, Eric Schmidt, en 2010. Nous assistons en effet à une explosion des données, une «datafication» rapide du monde et de nos vies, dont «les effets sur le XXIe siècle pourraient être aussi décisifs que ceux de l’électrification au XIXe siècle», selon le storytelling en vogue. Un «Big Bang Data», pour reprendre le titre de l’exposition d’envergure qui se tient jusqu’au 16 novembre au Centre de culture contemporaine à Barcelone (CCCB).

Dense et documenté, ce parcours pédagogique est une tentative d’expliquer cet univers abstrait d’un point de vue artistique, même si les œuvres sont mêlées à toutes sortes d’autres objets : interviews d’experts, cartes, visualisation de données, prototypes, applications commerciales, qui donnent par moments le sentiment d’évoluer dans un musée des sciences plutôt que dans une exposition d’art contemporain, mais qui révèlent également ces frictions entre le secteur de l’innovation, qui cherche à les monétiser, et l’appropriation artistique et subjective des données.

Comment représenter ces austères statistiques qui gouvernent nos vies ? Comment leur donner forme ? Chris Jordan, dans son projet au long cours «Running the numbers», dresse un portrait des Etats-Unis à partir de chiffres bruts qu’il transforme en images percutantes, telle cette gigantesque tapisserie orangée recouvrant le mur qui, de près, représente des piles infinies d’uniformes de prison pliés. 2,3 millions en tout, correspondant à la population incarcérée aux Etats-Unis en 2005.

Tellurique. Dès l’entrée, le visiteur est immergé dans le ventre de la vorace machine cybernétique qui engloutit toutes nos données et métadonnées. L’installation (...)

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