Afrique du Sud: les autorités verrouillent l'information autour de Mandela

Photo Par Siphiwe Sibeko - Les autorités sud-africaines verrouillent l'information autour de la santé de l'ancien président Nelson Mandela, insistant sur le droit à la vie privée mais avec comme effet d'alimenter l'hystérie des médias avides de détail sur le grand homme, âgé de bientôt 95 ans et héros du combat anti-apartheid

Les autorités sud-africaines verrouillent l'information autour de la santé de l'ancien président Nelson Mandela, insistant sur le droit à la vie privée mais avec comme effet d'alimenter l'hystérie des médias avides de détail sur le grand homme, âgé de bientôt 95 ans et héros du combat anti-apartheid. Quelques heures après l'annonce jeudi que "Madiba" faisait une rechute de l'infection pulmonaire, qui a lui a valu 18 jours d'hospitalisation en décembre, personne ne savait dans quel hôpital il était soigné. Aucun des médecins, dont la présidence sud-africaine a assuré qu'ils lui prodiguaient "le meilleur traitement possible", n'était habilité à s'exprimer. Leurs noms, leurs spécialités restaient un secret, tout comme les soins reçus par l'ancien homme d'Etat. Les Sud-Africains, et le reste du monde, ont été invités à prier pour la guérison de Nelson Mandela, et en même temps à faire preuve "de compréhension et de respect de la vie privée pour permettre aux médecins de faire leur travail". Un présentateur de la chaîne d'informations en continu eNCA s'est enquis en direct auprès du porte-parole de la présidence Mac Maharaj pour savoir s'il y aurait des bulletins de santé réguliers, soulignant que cette nouvelle hospitalisation ouvrait "une période très sensible pour l'Afrique du Sud". "Va-t-on nous tenir informés et au courant au fur et à mesure?", s'est-il inquiété. Réponse de l'intéressé: "Madiba est une icône pour nous tous, nous sommes tous inquiets, nos mises à jour dépendront de ce que nous disent les médecins et nous ne les mettons pas sous pression". "Il y a peut-être un souci sincère de veiller au respect de la vie privée, c'est probable mais il y a aussi des craintes liées à des problèmes qui ont surgi dans le passé, et tout laisse penser que le gouvernement a l'air de vouloir ne pas donner beaucoup d'information", a commenté Lucy Holborn, chercheuse à l'institut sud-africain pour les relations entre les races (SAIRR). "Je ne saurais pas exactement dire pourquoi ils veulent limiter l'information mais je soupçonne que si quelque chose de plus grave se produit, ils s'attendent à une réaction et ils préfèrent contrôler ce processus. Non pas qu'il puisse forcément se produire un pépin en terme de stabilité (politique) ou quelque chose de ce genre mais j'imagine qu'ils pensent que plus ils contrôlent l'information, plus ils peuvent organiser ce processus de façon fluide", a-t-elle ajouté. Le problème, constate-t-elle, c'est que "ne pas être ouverts conduit uniquement à alimenter les spéculations". Les services du président Jacob Zuma avaient été vertement critiqués pour n'avoir donné aucune nouvelle lors d'une précédente hospitalisation de Mandela, en janvier 2011, leur silence ayant entraîné un mouvement de panique. A l'inverse, les médias s'étaient faits rappeler à l'ordre fin 2011 après que deux agences de presse internationales aient installé des caméras de surveillance à proximité de la maison de Mandela dans son village natal de Qunu du sud-est de l'Afrique du Sud.