Syndrome du bébé secoué : plus d’un bébé par jour est victime de cette maltraitance

Les symptômes du syndrome du bébé secoué sont plus ou moins évidents (crédit : getty image)
Les symptômes du syndrome du bébé secoué sont plus ou moins évidents (crédit : getty image)

Maltraitance encore trop méconnue en France, le syndrome du bébé secoué (SBS) concerne entre 400 et 500 bébés chaque année. La prévention est le maître-mot pour éviter ce drame.

Avec de la fatigue accumulée, “quelqu’un de très bien, qui aime son enfant, peut basculer dans quelque chose de criminel”, explique Marie, vice-présidente de l’association “Stop bébé secoué” à l'occasion de la journée nationale consacrée à la prévention de la maltraitance infantile ce 5 avril. Le syndrome du bébé secoué, aussi appelé traumatisme crânien non accidentel (TCNA) est un choc traumatique lié à de violentes secousses, avec ou sans impact, qui peut avoir des répercussions dramatiques. “C’est souvent un adulte qui perd le contrôle et secoue le bébé pour le faire taire, poursuit-elle. Cette maltraitance vient surtout du cercle familial. Dans les auteurs identifiés, on parle de 70% de papa ou de conjoint de la maman si elle est séparée, de personnes qui ne sont pas habituées à être seules avec un enfant. Cela peut aussi venir d’assistantes maternelles qui exercent à domicile et n’ont pas de relais comme en crèche.”

En novembre dernier, Bertrand Gimonet racontait à Yahoo comment son fils de trois mois et demi était décédé après avoir été secoué par sa nourrice. À l’époque, plusieurs signes l’ont alerté sur le fait que son fils n’allait pas bien, mais les médecins ont diagnostiqué d’autres maladies. Le petit Tom a fini par faire un arrêt cardiaque dont il ne s’est jamais remis. Il a dû être débranché quelques semaines après.

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"Il y a une injonction sociale à ne pas laisser pleurer bébé, mais parfois c’est vital"

Marie aussi est la maman d’un enfant victime du syndrome du bébé secoué en 2017. Un drame qui l’a poussée à s’investir dans l’association “Stop bébé secoué”’. “C’est important de faire de la prévention, notamment au niveau des professionnels de la petite enfance et des jeunes parents. Il y a une injonction sociale à ne pas laisser pleurer bébé, mais parfois c’est vital. Il faut se déculpabiliser car garder bébé dans les bras d’un adulte excédé, c’est le mettre en danger. Lorsqu’on perd patience, il ne faut pas hésiter à le poser sur le dos dans un endroit sécurisé comme dans son lit et partir faire autre chose le temps de se calmer, quitte à mettre des boules Quies”, conseille-t-elle.

Selon Santé Publique France, il y a chaque année entre 400 et 500 bébés secoués. Ce nombre pourrait être sous-estimé, car “il y a une difficulté à poser le diagnostic, du fait que l’enfant n'est pas en mesure de s’exprimer, souligne Marie. Parfois, les cas sont suspectés plus tard à cause des troubles observés.” Près de 75% des bébés secoués ont en effet des séquelles irréversibles et un enfant sur 10 n’y survit pas.

Un bébé est secoué le plus souvent autour de ses quatre à six mois. “Le plus jeune cas qu’on connaît avait deux semaines et le plus âgé deux ans”, précise-t-elle. Le secouement d’un bébé provoque le balancement de la tête d’avant en arrière et sur les côtés. Le cerveau du nourrisson, en plein développement, frappe alors les parois de la boîte crânienne et les vaisseaux sanguins qui l’entourent se déchirent, ce qui provoque des lésions.

Des symptômes plus ou moins évidents

Le Dr Anne Laurent-Vannier, médecin spécialiste en réadaptation et rééducation aux Hôpitaux de Saint-Maurice décrit les symptômes dans une vidéo de prévention : “Parfois, c’est d’emblée un malaise avec un enfant qui tombe dans le coma, qui devient tout mou, tout blanc, qui a les yeux révulsés, qui peut avoir des convulsions. Là, il faut appeler les urgences.” Les symptômes peuvent aussi être moins évidents comme des vomissements sans diarrhée et sans fièvre, des troubles de l’alimentation et du sommeil, une augmentation du périmètre crânien, un regard figé ou un strabisme, un bébé qui interagit moins ou qui ne joue plus.

Les séquelles peuvent également apparaître quelques mois ou quelques années plus tard, au fur et à mesure que l’enfant grandit. Dans ce cas, il aura du mal à tenir sa tête ou à parler et souffrira de troubles de l’apprentissage. Ces symptômes ne sont pas nécessairement tous présents chez les bébés victimes de SBS et peuvent être liés à d’autres causes, d’où l’importance de consulter un professionnel de la santé. Dans tous les cas, “le jeu n’est pas dangereux”, précise le médecin. Le secouement intentionnel pour faire taire un bébé qui pleure peut, en revanche, le tuer ou l'handicaper à vie.

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