Zimbabwe : «Sans Pékin, Mugabe n’aurait jamais duré aussi longtemps»

Robert Mugabe et Xi Jinping lors d'une visite à Pékin, en 2014.

Jean-Joseph Boillot, spécialiste des relations sino-africaines, analyse le rôle du Parti communiste chinois dans la crise politique qui a secoué Harare.

«La Chine respecte la décision de Robert Mugabe de démissionner. Il reste un bon ami du peuple chinois», a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, au lendemain du départ du président zimbabwéen après deux semaines de grande tension politique. Quelques jours avant le début de la crise, le général Constantino Chiwenga, chef des armées du Zimbabwe, s’était rendu à Pékin pour une visite qualifiée par le ministre chinois de la Défense d'«échange entre militaires planifié à l’avance». Jean-Joseph Boillot, conseiller économique au Cepii (recherche et expertise sur l’économie mondiale), auteur de Chindiafrique (Odile Jacob, 2013) et de l’Afrique pour les nuls (1), revient sur le rôle joué par la Chine dans la destitution du vieux président après trente-sept ans au pouvoir.

Pensez-vous que cette visite à Pékin ait un lien direct avec la démission de Robert Mugabe ?

Même s’il s’agissait d’une visite de routine et que le but n’était pas de prendre des consignes, il ne fait aucun doute que Constantino Chiwenga a parlé aux autorités chinoises du plan prévu pour la mise à l’écart de Mugabe. Dès les années 60, le Parti communiste chinois a soutenu le mouvement d’indépendance, et en avril 1980, la Chine a été le premier pays à reconnaître la victoire de la Zanu-PF. Le chef des armées se rend à Pékin au moins une fois par an, l’armement du Zimbabwe est chinois, les instructeurs sont chinois, les relations sont très étroites. La Chine a surveillé de près l’évolution de la situation politique, et si elle avait dit non au plan visant à démettre Mugabe, cela ne se serait pas fait. Sans Pékin, Mugabe n’aurait jamais duré aussi longtemps. Par exemple, en 2015, il a accepté que le yuan devienne une monnaie légale au Zimbabwe, en échange de l’annulation d’une dette de 40 millions de dollars.

Pékin a (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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