Zidane au sommet du monde: les 25 ans du Ballon d'or de Zizou après une année 1998 historique
Kylian Mbappé ne le savait pas encore il y a 25 ans, mais ce 21 décembre 1998 allait changer sa vie et une bonne partie de sa carrière. Alors âgé de seulement un jour, l’actuel star du Paris Saint-Germain et capitaine de l’équipe de France ne se trouvait probablement pas devant sa télévision (France 2 à l’époque) pour assister au sacre de Zinedine Zidane lors de la cérémonie du Ballon d’or 1998. Il y a 25 ans jour pour jour, 'Zizou' devenait le quatrième joueur français à remporter le célèbre trophée.
"Statistiquement comme on l’a vu, techniquement comme les images l’ont indiqué et puis aussi humainement, vous êtes un des plus grands Ballons d’or de toute l’Histoire de France Football", s’enthousiasmait alors Gérard Ernault, directeur de la rédaction du magazine. "Un Ballon d’or que j’ai l’honneur mais vraiment l’honneur, Zinedine, de vous remettre. Vous l’avez mérité très très largement. Bravo!"
Zidane ému devant ses proches
Entouré des précédents lauréats français du Ballon d’or (Raymond Kopa, Michel Platini et Jean-Pierre Papin), 'Zizou' remportait alors la prestigieuse récompense au terme d’une année fantastique où il a marqué à jamais l’histoire du football tricolore. Le tout sous les yeux de ses amis d’enfance, de son épouse Véronique, de son fils aîné Enzo (pas encore 4 ans) et de son grand-père.
"Je suis surtout content d’avoir ma famille et mes amis présents", avait savouré Zinedine Zidane lors de son discours, les yeux rivés sur son trophée. "Si j’ai un petit bonjour à faire, parce que mon pépé est là mais ma mémé est restée à la maison. Je l’embrasse bien fort et je crois qu’elle me regarde donc je l’embrasse bien fort."
Le meneur de jeu des Bleus et de la Juventus sortait alors d’une saison fabuleuse en club comme en sélection. Finaliste malheureux de la Ligue des champions avec les Turinois, il a surtout claqué un doublé éternel pour offrir à la France sa première étoile lors de la Coupe du monde disputée à domicile, un soir de juillet 1998.
Leader offensif d’une Juventus malchanceuse en Ligue des champions
Formé à l’AS Cannes puis révélé au plus haut niveau sous le maillot des Girondins entre 1992 et 1996, Zinedine Zidane n’est pas encore au sommet de son art lors de cette année 1998. Mais s’il ne touche pas encore au sublime, le milieu offensif est déjà considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde lors de son passage à la Juventus. Arrivé deux ans plus tôt en Italie, Zizou' sort d’une saison 1997-1998 pleine avec le club piémontais.
Titulaire indiscutable en Serie A où il a régalé pour glaner son deuxième titre consécutif de champions, l’enfant de la cité de la Castellane (à Marseille) a impressionné par son touché de balle impeccable et ses nombreux caviars distribués à Alessandro Del Piero et Filippo Inzaghi. Portée par son trio offensif, la Vieille Dame se hissera même jusqu’en finale de la Ligue des champions.
Mais, comme lors de l’édition précédente face au Borussia Dortmund, la Juventus s’est inclinée contre le Real Madrid (1-0) sur un but de Predrag Mijatovic.
Quatre ans plus tard, en 2002, c’est justement avec le club merengue et sur une fabuleuse reprise de volée que Zinedine Zidane empochera son seul et unique trophée en C1 en tant que joueur. Brilant en club, c’est finalement avec l’équipe de France qu’il va atteindre les sommets lors du Mondial 1998.
Un début de Mondial très frustrant pour Zizou
Pays hôte de la Coupe du monde, la France accueille la compétition mais peine à convaincre dans ses derniers mois de préparation. Le sélectionneur Aimé jacquet est contesté et son choix d’installer Zinedine Zidane comme meneur de jeu depuis presque deux ans ne séduit pas encore totalement malgré un but contre l’Espagne lors de l’inauguration du Stade de France en janvier 1998.
Et pourtant, le début du tournoi commence bien pour le 'double Z' avec une passe décisive pour son ami Christophe Dugarry lors du premier but des Bleus contre l’Afrique du Sud à Marseille (3-0). Averti en fin de match, 'Zizou' termine la rencontre sur une petite fausse note.
A l’origine du premier but de Thierry Henry lors du succès face à l’Arabie saoudite (4-0) mais malheureux dans ses tentatives personnelles, Zinedine Zidane s’est laissé gagner par une certaine frustration.
Après un tacle, un poil trop rugueux de Fuad Anwar Amin, le milieu tricolore s’est essuyé la semelle sur son adversaire et a logiquement été expulsé. Suspendu pour le dernier match des poules contre le Danemark (2-1), il assistera aussi depuis le banc de touche (comme l’autorise alors le règlement) au but en or de Laurent Blanc face au Paraguay (1-0) durant la prolongation. Pas vraiment l’idéal quand on rêve du Ballon d’or après une saison pleine avec son club.
"Oui je me souviens de cette expulsion. Je n’ai pas raison de faire ce que je fais, je n’ai pas raison de répondre", a expliqué Zinedine Zidane lorsqu’il est revenu sur ce carton rouge pendant un entretien pour France Bleu en 2018. "Mais c’est vrai que je trouve la sanction sévère. Je méritais peut-être un carton jaune. […] Le match du Paraguay, je l’ai vécu avec un peu plus de pression."
Et d’ajouter sur ce huitième de finale à suspense où il a donné de la voix auprès de ses partenaires: "Je ne peux pas jouer donc je m’exprime de cette façon-là et à la fin c’est la délivrance avec le but de 'Lolo’. Je rentre sur le terrain, je prends une motte de terre et je la jette de joie à me dire que vais pouvoir rentrer pour le prochain match."
Zidane héros de la finale face au Brésil
Après un début de compétition plus que poussif, Zinedine Zidane ne va pas non plus être décisif lors du quart de finale remporté contre l’Italie après un duel tactique et assez fermé contre des joueurs qu’il connait par cœur et qui, comme il a lui-même confirmé, l’auraient bien chambré en cas d’élimination tricolore. Premier tireur français lors de la séance de tirs au but, le leader technique des Bleus n’a pas tremblé face à Gianluca Pagliuca.
Sauvé par un doublé aussi surprenant qu’exceptionnel de Lilian Thuram lors de la demi-finale face à la Croatie (2-1), Zinedine Zidane va finalement endosser le costume du héros lors de la finale de la Coupe du monde contre le Brésil. Deux coups de tête face aux tenants du titre qui ont lancé les Bleus vers un succès éternel (3-0). La Seleçao battue, la France sur le toit du monde… et le visage de Zizou sur l’Arc de Triomphe à Paris.
En une soirée magique, le 12 juillet 1998, 'Zizou' est devenu un emblème pour tous les Français. Son doublé contre le Brésil de Ronaldo, Rivaldo et autres Leonardo ou Denilson ou Cafu a donné un nouveau sens à sa carrière. Et bien plus encore.
"Cela a changé ma vie, complètement. J’étais une personne avant et d’avoir gagné avec l’équipe de France, ça a tout changé, tout chamboulé dans le bon sens", a assuré le principal intéressé en juillet 2023 à l’occasion du 25e anniversaire de la victoire tricolore et dans des propos cités par La Provence. "Ce ne sont que des belles choses. C’est toujours sympa, bienveillant." En même temps, il a marqué de précieux points face aux prétendants au Ballon d’or.
Un Ballon d’or quasi unanime pour Zidane
De son propre aveu, il a connu six mois terribles après le titre mondial de l’équipe de France. Incapable de se remettre la tête à l’endroit avec la Juventus, Zinedine Zidane va connaître un début de saison 1998-1999 compliqué en Serie A. Qu’importe, il a suffisamment marqué les esprits pendant la première partie de l’année pour remporter haut la main le Ballon d’or.
Champion d’Italie, finaliste de la Ligue des champions et surtout vainqueur de la Coupe du monde, 'Zizou' a écrasé la concurrence. Et quelle concurrence! Avec 244 points, le Français a surclassé ses rivaux. Vainqueur de la C1 et troisième du Mondial en terminant meilleur buteur de la compétition, le Croate Davor Suker n’a rien pu faire pour priver le meneur des Bleus du Ballon d’or avec ses 68 points.
Pas plus que Ronaldo, vainqueur de la Coupe de l’UEFA avec l’Inter Milan ou encore finaliste et meilleur joueur de la Coupe du monde. Si le Brésilien a complété le podium et devancé notamment Michael Owen (Liverpool-Angleterre) et Rivaldo (Barcelone-Brésil), 'Il Fenomeno' n’a récolté que 66 votes dans la course au prestigieux trophée individuel. Malgré la présence de sept champions du monde français parmi les 28 meilleurs joueurs, ils sont tous obtenus des voix, le sacre de Zinedine Zidane n’a semblé souffrir d’aucune contestation possible.
Zidane "trop confiant" avant le Ballon d’or qu’il n’a pas gardé
es années ont passé mais l’ancien numéro 10 des Bleus n’a pas trop semblé s’attacher à son trophée après l’avoir conquis de si haute lutte. Lors d’un entretien accordé au journal L’Equipe pour ses 50 ans, le 23 juin 2022, Zinedine Zidane a reconnu qu’il n’avait même pas gardé son Ballon d’or avec lui. Pas même sur une cheminée ou dans un placard…
"Mes parents ont tout mis en lieu sûr. Ma mère a aussi conservé mon Ballon d’Or. Il est resté dans son étui et même pas chez eux, à l’abri. Personne ne peut y toucher", a ainsi révélé l’ancien maître à jouer de l’équipe de France. "Sentimentalement et symboliquement, il est bien avec mes parents. Et chez eux, ça reste un peu chez moi. C’est même comme s’il était chez moi. Et c’est presque mieux."
De la même manière, ‘Zizou’ a reconnu qu’avec le recul il n’avait pas aimé son comportement pendant sa campagne médiatique lors de la course au Ballon d’or 1998: "J’avais fait un peu le beau avant de l’avoir", a encore concédé l’intéressé auprès de L’Equipe. "J’étais un peu trop confiant les semaines avant le vote. Je me suis un peu enflammé dans quelques interviews. […] Mais avec ce Ballon d’Or, en 1998, je me la racontais un petit peu. Ce n’était pas trop moi mais j’avais tellement envie de l’avoir."
Et c’est cette récompense obtenue voilà 25 ans qui lui a valu d’être choisi pour remettre le Ballon d’or à Karim Benzema en octobre 2022. Ancien mentor du buteur qu’il a eu sous ses ordres au Real Madrid, Zinedine Zidane affichait un large sourire au moment de passer le relais au cinquième français récompensé. En attendant peut-être de voir Kylian Mbappé les imiter à l’avenir. Cette année, le Français s’est contenté du podium du Ballon d’or malgré son triplé en finale de la Coupe du monde 2022.