Zemmour salue l'engagement politique et "patriote" de Bolloré

Le propriétaire du groupe Canal+ (Cnews, C8) assurait mercredi au Sénat ne poursuivre aucun but politique ou idéologique. Le candidat d'extrême droite à la présidentielle dit l'inverse.

POLITIQUE - “Notre intérêt n’est pas politique, pas idéologique, mais purement économique.” Mercredi 19 janvier, le milliardaire Vincent Bolloré était invité à répondre aux questions du Sénat. Une audition très attendue tant l’empire médiatique de l’homme d’affaires breton s’est étendu ces dernières années, contribuant à la banalisation d’un discours très droitier. Jusqu’à voir l’une de ses stars s’imposer comme l’une des têtes d’affiche de la présidentielle de 2022.

Pourtant, au cours de son passage au Sénat, Vincent Bolloré n’a eu de cesse de minimiser la taille de cette colossale agglomération de médias, et de déprécier le poids politique qui lui est prêté. “D’ailleurs, le segment de l’information est insignifiant en chiffre d’affaires chez nous”, a-t-il même affirmé.

“Il n’y a aucune idéologie politique” dans la ligne éditoriale des différents médias qu’il possède, a encore affirmé celui qui est le principal actionnaire du groupe Bolloré. Et de nier tout engagement personnel ou prise de position spécifique, déclarant: “La seule chose que j’ai dite, c’est que je suis démocrate chrétien.”

“Je préfère quelqu’un qui est patriote et qui veut défendre la France”

Une idée pourtant battue en brèche deux jours plus tard par Éric Zemmour. Invité de Darius Rochebin sur LCI dans la soirée de ce vendredi 21 janvier, le candidat d’extrême droite à la présidentielle a ainsi répondu sans détour lorsqu’il a été interrogé sur le fait que Vincent Bolloré soit animé par un “sentiment de mission” au service de la France: “Absolument, et je trouve ça très noble chez lui.”

Éric Zemmour, encore: “Ce que je sais, pour en avoir discuté avec lui, c’est que Vincent Bolloré est très conscient du danger de civilisation qui nous guette, du danger de remplacement de civilisation. Il veut léguer à ses enfants, à ses petits-enfants, la France telle qu’on lui a léguée.”

Le polémiste a fini sur le sujet en répétant encore une fois que Vincent Bolloré avait bel et bien une ambition politique dans son action médiatique. Et cela en comparant le propriétaire de Canal+ avec d’autres chefs d’entreprise. “Il y a d’autres patrons qui ne comptent que leur argent, qui s’installent à l’étranger... Moi je préfère quelqu’un qui est patriote et qui veut défendre la France. Je lui rends hommage.”

Le “lapsus prophétique” sur Zemmour président

Voilà qui met à mal la défense employée par Vincent Bolloré durant les deux heures de son audition au Sénat mercredi. Un témoignage au cours duquel le milliardaire s’était notamment défaussé longuement de toute responsabilité dans l’ascension politique d’une certain... Éric Zemmour.

“Il publiait des livres (vendus) à des centaines de milliers d’exemplaires bien avant de revenir sur CNews, il est sur Le Figaro, il est sur la 6... Comme par hasard, c’est quand il est sur CNews que ça pose problème”, avait-il notamment déclaré. Avant de finir par: “Personne ne savait qu’il serait président de la République.” Des propos qui ont ravi Éric Zemmour, tout sourire au moment de réagir sur LCI en évoquant “un lapsus prophétique”.

Dans la même veine, Vincent Bolloré avait usé de comparaisons pour le moins surprenantes pour botter en touche, toujours sur cette idée qu’il aurait “fabriqué” Éric Zemmour. “Aujourd’hui on parle de lui, mais depuis 40 ans, le succès de ce groupe a été de faire du repérage de talents. J’ai passé du temps avec Yves Calvi, avec le chanteur Bono qui est venu chez Universal, avec Marc Levy...”

Et quand le sénateur David Assouline lui a rétorqué qu’Éric Zemmour lui-même disait dans son livre avoir été convaincu par Vincent Bolloré de revenir sur CNews, l’intéressé avait encore une fois minimisé son rôle et son emprise. “Monsieur Zemmour était déjà très connu bien avant de venir travailler pour moi. Ma capacité personnelle à aller imposer des choses n’est pas très importante”.

Et de conclure en répétant une ultime fois que “personne” dans son groupe “n’a l’ambition ou l’intention, ou l’erreur, d’essayer de faire de l’opinion” à la télévision. ”Ça n’a pas d’importance, ça n’a pas d’intérêt.” Pas sûr qu’un homme aujourd’hui crédité d’une douzaine de pour cent dans les sondages soit foncièrement d’accord avec cette assertion.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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