Z, la Tunisie ni mauve ni bleue

Extraits de dessins de Z.

Pour le festival d'Angoulême, «Libération» est allé à la rencontre de dessinateurs étrangers dans leurs pays. En Tunisie, focus sur «Z», caricaturiste politique au blog très visité.

Sa cible numéro un s’est enfuie le 14 janvier 2011, mais «Z» n’a renoncé ni son anonymat, encore moins au mordant de sa plume. Bien au contraire. Depuis la chute de Ben Ali, le blogueur et caricaturiste tunisien d'une trentaine d'années, a trouvé une matière nouvelle pour ses caricatures.

C’est parti en 2007, d’une histoire urbaine. Architecte de métier, Z - il préfère rester anonyme - ouvre un blog, «Débatunisie», en réaction au méga-projet de «ville nouvelle» planifié par une société émiratie, sur les berges du lac de Tunis. Son personnage principal, un flamant rose habitant du lac, est l'«allégorie du citoyen tunisien», «exclu des débats qui concernent sa cité», écrit Z. Petit à petit, il glisse dans la critique du régime, de sa corruption. Quand le blog est censuré, en 2008, Z passe à l’attaque frontale contre la dictature et ses symboles: le culte du chiffre sept entretenu par Zaba (acronyme de Zine el-Abidine Ben Ali), le zèle des «mauves» (couleur du RCD, le parti-Etat), serviteurs du régime…

Depuis la révolution, l’univers de Z, membre de Cartooning for peace, s’est enrichi. Les «mauves» sont toujours là, en embuscade, de même que les policiers. Les «Ben Simpsons», archétype de la famille bourgeoise moderniste, s’alarment pour leurs libertés, sous l’œil incrédule de leur domestique, incarnation de cette Tunisie pauvre ignorée du débat politique. Le nouveau maître, c’est «Zaballah», allégorie du pouvoir islamiste «bleu», un système à la Zaba teinté de religieux, bourré de tabous que le blogueur attaque à coups de dessins crus et de caricatures divines. Z croque une «Dame Tunisie» prise entre «mauves» et «bleus». Entre les deux, la révolution, figurée par un taureau, fait les frais de cette lutte.

«Panique à Carthage». Le 12 janvier 2011, au début de la révolution.

«Les (...)

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