Yves Afonso, corps en gueule

De «l’Aile ou la Cuisse» à «Maine Océan», l’acteur lancé par Jean-Luc Godard a imprimé le caractère et l’énergie singulière de son jeu, entre seconds et trop rares premiers rôles. Il est mort dimanche à 73 ans.

Yves Afonso disait qu’au moins deux fois par jour, on lui rappelait sa ressemblance avec Jean-Paul Belmondo. Cette comparaison lui ferma sans doute quelques portes, mais lui permit peut-être aussi d’être remarqué par Jean-Luc Godard et de signer ses trois premières apparitions au cinéma avec lui - Masculin Féminin (1965), Made in USA (1966, où il est David Goodis), Week-End (1967). On a appris lundi la mort de cet acteur extrêmement attachant, à la carrière erratique, mais visage marquant d’une paire de chefs-d’œuvre (on y revient), et de rôles plus ou moins fugitifs dans des films aussi divers que l’Aile ou la Cuisse (Claude Zidi, 1976), le Cœur fantôme (Philippe Garrel, 1995), ou Mischka (Jean-François Stévenin, 2000). Il avait 73 ans.

Inoubliable. L’idole d’Afonso, depuis l’enfance, c’était plutôt Jean Gabin, dont il retiendra le jeu très physique, capable de passer soudainement de la douceur à la brusquerie. Modestement, il disait avoir d’abord été un mauvais acteur, devant tout à sa gueule et à son tempérament, avant d’avoir découvert grâce au sport la maîtrise de son corps. Car, contrairement à «Bébel», il ne jouait pas de son charme mais concentrait toute son énergie dans ses muscles et ses nerfs, comme s’il était constamment sous tension, parfois de manière inquiétante, frisant la folie, mais plus souvent d’une façon quasi-burlesque, comme un enfant perdu dans un corps trop athlétique pour lui, dont il saurait mal contrôler les gestes et les élans. La singularité d’Afonso ne l’empêcha pas d’avoir une importante carrière en tant que second rôle. Dans sa filmographie se côtoient de nombreux cinéastes populaires (Claude Zidi, Yves Boisset, Jean Becker) autant que des grands auteurs plus confidentiels (Raoul Ruiz, Paulo Rocha, Philippe Garrel), en passant (...)

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