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Yen et euro vont baisser, mais pas grâce aux banques centrales

par Sumanta Dey

(Reuters) - Le yen et l'euro devraient baisser au cours des prochains mois face au dollar américain, estiment les professionnels du marché des changes interrogés dans le cadre d'une enquête de Reuters, mais la plupart d'entre eux expliquent que la politique monétaire de la Banque du Japon (BoJ) et celle de la Banque centrale européenne (BCE) n'auront pas grand-chose à y voir.

La plupart de ces cambistes tablent en effet d'abord sur un mouvement d'appréciation du billet vert grâce à la hausse des taux de la Réserve fédérale.

La devise japonaise s'est fortement appréciée ces trois derniers mois après la décision de la BoJ d'opter pour une politique de taux négatifs. Et le mouvement s'est accéléré après le maintien inattendu du statu quo le mois dernier, portant le yen à des plus hauts de 18 mois.

Le yen devrait céder environ 8% face au dollar d'ici un an, pour revenir à 115 pour un dollar fin avril 2017 contre 106,55 environ mercredi, estiment les quelque 70 responsables de stratégies devises interrogés.

Dans l'enquête du mois dernier, avant le statu quo de la BoJ, ils voyaient le yen atteindre le seuil des 115 d'ici la fin septembre.

"Au vu des limites de la politique monétaire en termes d'influence sur le taux de change, même si la BoJ amplifie ses mesures de soutien, nous ne nous attendons pas à un impact important sur le yen", explique Khoon Goh, responsable de la stratégie changes d'ANZ en Asie.

Interrogés sur le moyen le plus efficace pour les autorités japonaises de faire baisser le yen, environ un tiers des analystes ont répondu qu'elles n'y parviendraient pas, quel que soit le mode d'intervention retenu.

Un autre tiers a estimé que la BoJ devrait augmenter nettement ses achats d'actifs, et éventuellement accompagner ces achats d'une nouvelle réduction du taux de dépôt, déjà négatif.

La plupart des autres ont évoqué les interventions sur le marché des changes.

L'enquête montre par ailleurs que l'euro devrait remonter d'ici un an au niveau où il se trouvait au début de cette année, soit 1,08 dollar, ce qui correspondrait à une baisse d'environ 6% par rapport à son niveau de mercredi (1,15 dollar).

Seuls six professionnels ont dit s'attendre à un retour à la parité euro-dollar au cours de l'année à venir, contre 21 à la même époque l'an dernier.

L'enquête montre surtout que la BoJ et la BCE ont peu d'influence sur les taux de change de leurs devises respectives, plus vulnérables à l'évolution de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.

(avec Hari Kishan; Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)