"Y en a qui aiment être battues" : les violences conjugales vues des années 1970

Capture d'écran Ina
Capture d'écran Ina

L’Ina a fouillé dans ses archives pour ressortir des interviews de 1975 sur les violences conjugales. Avec des propos d’un autre temps.

"Quand le dialogue n’est pas possible, (…) alors avec certaines femmes, faut leur faire rentrer à coup de poing." La déclaration de cet homme, face caméra, est glaçante. Non, elle ne date pas d’un reportage télé diffusé cette année, mais des années 70.

C’est l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) qui propose ce saut dans le temps, à l’occasion du lancement du Grenelle des violences conjugales. Un message de prévention est affiché en début de la vidéo : “attention, certains propos peuvent choquer”.

Y en a qui aiment être battues

Certains propos tenus dans ce reportage ont en effet de quoi choquer : “Y a des femmes qui aiment ça par… Je sais pas, par habitude peut-être. Y en a qui aiment être battues. (…) Y en a qui sont pas battues parce qu’elles ont pas besoin d’être battues", déclare un homme, très naturellement.

Un autre homme interrogé a une vision particulière de l’amour : “Et si je vous disais que moi, je bats ma femme, pour qu’elle soit plus gentille et plus amoureuse de moi, qu’est-ce que vous en pensez ? (…) Si moi je veux taper ma femme, je suis sûr qu’elle fera mieux l’amour".

Objectif : “interpeller, interroger”

Ces interviews ont été réalisées pour “une émission des années 70 diffusée sur Antenne 2 (actuellement France 2), ‘Aujourd’hui Madame’, assez en avance sur les sujets de société”, indique au Huff Post Antoine Bayet, à la tête du département des éditions numériques de l’Ina.

Sans surprise, la vidéo interpelle. Également publiée sur le réseau social Instagram, elle dépasse les 150 000 vues en moins de 24 heures, avec plus de 1200 commentaires. “Notre objectif est d’interpeller, d’interroger. Si on a réussi cela, on a déjà gagné à notre manière”, ajoute Antoine Bayet.

101 féminicides depuis le 1er janvier

Si les propos entendus dans la vidéo ont de quoi interpeller, ceux tenus à la fin sont plus rassurants. À la question “Battez-vous votre femme ?”, des hommes répondent, à la suite “non, jamais”. Le dernier interrogé répond : “Jamais, même pas avec une rose”.

Pour rappel, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le 1er janvier 2019. Un grenelle des violences conjugales a débuté mardi 3 septembre. Plusieurs mesures ont été annoncées, comme la création de 1 000 nouvelles places d’hébergement pour les femmes victimes de violences, la généralisation du dépôt de plainte à l’hôpital, la désignation de “procureurs référents” ou encore une proposition de loi pour le “bracelet électronique anti-rapprochement”.

Des premières propositions qui ne convainquent pas les militantes. Anaïs Leleux, membre du comité de pilotage de #Noustoutes, dénonce un “grenelle du bullshit”.