Yémen: Les ultimes négociations consacrées au port d'Hodeïda

Dans le port d'Hodeïda. Les négociateurs aux pourparlers sur le Yémen qui se déroulent depuis une semaine en Suède sous l'égide de l'Onu se sont entendus mercredi sur le principe de la réouverture de l'aéroport de Sanaa mais les discussions n'ont toujours pas abouti sur le statut du port d'Hodeïda. /Photo d'archives/REUTERS/Abduljabbar Zeyad

RIMBO, Suède (Reuters) - Les négociateurs aux pourparlers sur le Yémen qui se déroulent depuis une semaine en Suède sous l'égide de l'Onu vont consacrer mercredi leurs dernières heures de discussions au statut du port d'Hodeïda, les médiateurs s'efforçant de convaincre les belligérants de faire des gestes pour rétablir la confiance.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prévoit d'assister en personne à l'ultime séance de discussions, jeudi, et de rencontrer les représentants du gouvernement yéménite en exil, soutenu par l'Arabie saoudite, comme du mouvement chiite houthi, appuyé par l'Iran.

Signe de la volonté de la communauté internationale de mettre fin à ce conflit qui a poussé un pays entier au bord de la famine, les ambassadeurs des cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies disposant d'un droit de veto - Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie - ont aussi assisté mardi aux pourparlers, a-t-on appris de sources informées.

Dans une déclaration à Reuters mardi, le président américain Donald Trump a de son côté indiqué qu'il pourrait ratifier une loi que le Sénat envisage de voter pour mettre fin au soutien des Etats-Unis à la coalition arabe qui intervient militairement au Yémen, en réponse à l'assassinat du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi en Turquie.

Il a toutefois conditionné l'arrêt du soutien américain à l'Arabie saoudite à un désengagement de l'Iran du conflit.

Pour l'émissaire des Nations unies, Martin Griffiths, qui a réussi à réunir les belligérants pour la première fois depuis deux ans, la priorité reste d'éviter une offensive de grande ampleur contre Hodeïda, principale porte d'entrée des marchandises et de l'aide humanitaire au Yémen.

Griffiths essaie pour cela de convaincre les deux camps de retirer leurs forces, d'accepter la mise en place d'une autorité intérimaire qui gérerait la ville et les installations portuaires et d'autoriser le déploiement d'observateurs internationaux.

Les belligérants sont favorables à ce que l'Onu joue un rôle dans le port d'Hodeïda mais ne sont pas d'accord sur le statut de la ville: les Houthis, qui la contrôlent pour le moment, réclament qu'elle soit déclarée zone neutre, tandis que le gouvernement en exil considère qu'elle doit repasser sous son autorité.

"Le diable se cache dans les détails", commente un diplomate qui assiste aux discussions. "Jusqu'où se retirer, comment, qui dirige la ville et fournit les services publics?"

Aucun accord n'a non plus été trouvé sur la réouverture de l'aéroport de Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les Houthis, ni sur la mise en place éventuelle d'un gouvernement de transition.

Pour l'heure, le seul résultat concret des négociations est un échange de prisonniers qui pourraient concerner jusqu'à 15.000 personnes.

Les prochains pourparlers de paix pourraient se tenir au début de l'année prochaine.

(Aziz El Yaakoubi; Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)