Yémen: Les Houthis entament leur retrait d'Hodeïda

Les rebelles yéménites houthis ont entamé leur redéploiement à Hodeïda, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu conclu le 13 décembre en Suède sous l'égide de l'Onu, a-t-on appris samedi de source proche de l'organisation et auprès du mouvement chiite. /Photo prise le 29 décembre 2018/REUTERS/Abduljabbar Zeyad

par Abduljabbar Zeyad

HODEIDA, Yémen (Reuters) - Les rebelles yéménites houthis ont entamé leur retrait du port d'Hodeïda sur la mer Rouge dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu conclu le 13 décembre en Suède sous l'égide de l'Onu, a-t-on appris samedi auprès du mouvement chiite et de l'administration onusienne.

En vertu de cette trêve, les miliciens pro-iraniens qui tiennent la ville portuaire - et la capitale Sanaa - et les forces de la coalition sous commandement saoudien, qui soutiennent le gouvernement qui s'est replié à Aden, ont accepté de cesser le combat et de se retirer. La trêve est entrée en vigueur le 18 décembre.

Un équipe d'observateurs de l'Onu chargée de veiller au respect du cessez-le-feu est arrivée à Hodeïda dans la semaine. Elle est dirigée par le général à la retraite néerlandais Patrick Cammaert.

Celui-ci doit également présider un comité de coordination du redéploiement (CCR) dans lequel les deux camps sont représentés. Les premières réunions ont eu lieu cette semaine.

De source onusienne, on indique que les forces houthies, qui contrôlent Hodeïda et son port stratégique, ont commencé à se redéployer dans la nuit de vendredi à samedi.

Le gouverneur houthi d'Hodeïda, Mohamed Ayach Kahim, a déclaré à Reuters que les combattants du groupe s'étaient retirés du port, comme spécifié dans l'accord de paix, et en avaient remis le contrôle à des unités locales de gardes-côtes yéménites qui étaient chargées de protéger les ports avant la guerre. Ces unités seront sous la supervision de l'Onu.

Un cameraman de Reuters a vu l'équipe des Nations unies dirigée par le général Cammaert assister au retrait des combattants.

PREMIÈRE ÉTAPE

Le retrait des Houthis des trois ports de Hodeïda, Salif et Rass Issa constitue la première étape de la mise en œuvre de l'accord de paix. Les deux parties retireront ensuite leurs forces de la ville et de la province.

Hodeïda est le grand point d'entrée des marchandise au Yémen ainsi que de l'aide humanitaire. Il est clé pour la survie de millions de Yéménites au bord de la famine.

Du côté des forces gouvernementales, qui tiennent certains quartiers du sud de la ville, on dit avoir besoin de temps pour vérifier la réalité du retrait des Houthis. "Ils pourraient se contenter de remplacer leurs hommes par des soi-disant garde-côtes", a expliqué un représentant des forces gouvernementales.

Le gouvernement craint que les garde-côtes ne restent fidèles au gouvernement de Sanaa contrôlé par les Houthis après le retrait.

On ne sait toujours pas jusqu'où les forces se retireront et qui contrôlera in fine les trois ports et la ville. Les deux camps pourraient aussi s'en partager le contrôle, des forces de l'Onu s'interposant entre eux.

L'équipe du général Cammaert ne sera pas en uniforme ni armée, ont indiqué les Nations unies, mais elle épaulera la gestion et l'inspection des ports, et contribuera au renforcement de la présence des Nations unies dans la ville.

La trêve d'Hodeïda, premier développement positif depuis le début du conflit en 2014, entre dans le cadre des mesures de confiance censées ouvrir la voie à un cessez-le-feu global et à un processus de paix.

Vendredi, les Nations unies ont annoncé que les deux parties étaient convenues de commencer à ouvrir des corridors humanitaires, en commençant par la route côtière clé reliant Hodeïda à Sanaa, la capitale tenue par les Houthis.

Les parties doivent présenter des plans détaillés pour un redéploiement complet au général Cammaert lors de la prochaine réunion du CCR, le 1er janvier, a annoncé l'Onu dans un communiqué.

(Avec Aziz el Yaakoubi et Mohamed Ghobari; Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)