Yémen: La coalition arabe s'empare de la route Hodeïdah-Sanaa

ADEN (Reuters) - Les troupes yéménites appuyées par la coalition arabe se sont emparées de la route reliant la ville portuaire de Hodeïdah à la capitale Sanaa, bloquant une voie de ravitaillement essentielle pour les miliciens Houthis qui contrôlent ces deux villes, a-t-on appris jeudi auprès d'habitants et de sources militaires.

L'alliance militaire arabe, sous conduite saoudienne, a repris son offensive contre Hodeïdah, les négociations de paix prévues à Genève n'ayant pas eu lieu car la délégation des Houthis n'a pu se rendre en Suisse.

La coalition arabe pense qu'en s'emparant de Hodeïdah, elle pourra contraindre le mouvement Houthi, appuyé par l'Iran, à négocier.

"La principale sortie de Hodeïdah menant vers Sanaa a été fermée, les forces [yéménites] appuyées par les Emirats arabes unis ayant pris le contrôle de la route", a-t-on dit à Reuters de source proche de la coalition arabe.

Hodeïdah, au bord de la mer Rouge, est le principal port du Yémen et, à ce titre, non seulement une ligne de ravitaillement essentielle pour les Houthis mais aussi pour des millions de Yéménites en proie, depuis mars 2015, au conflit entre d'une part la coalition arabe sunnite et le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, et d'autre part les Houthis chiites.

Les Nations unies craignent qu'une offensive contre Hodeïdah ne provoque une famine dans le reste du pays, où 8,4 millions d'habitants sont menacés par la faim.

"La situation s'est fortement aggravée au cours des derniers jours. Des familles sont absolument terrifiées par les bombardements, les pilonnages et les frappes aériennes", a déclaré Lise Grande, coordinatrice des Nations unies pour les questions humanitaires.

"Les installations d'Hodeïdah permettent de nourrir des millions de personnes. Nous sommes particulièrement inquiets pour les fabriques alimentaires de la mer Rouge, qui disposent de 45.000 tonnes de vivres actuellement, suffisamment pour nourrir 3,5 millions de personnes par mois. Si ces installations sont endommagées ou si leur fonctionnement est entravé, le coût, en termes humains, sera incalculable", a estimé Lise Grande.

(Mohammed Ghobari; Eric Faye pour le service français)